Mandela et les Etats-Unis : une lune de miel suivie de pragmatisme

L'ancienne Secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton (R) pose pour une photo avec Nelson Mandela, 94, ancien président de l'Afrique du Sud, et son épouse Graça Machel (L) à son domicile de Qunu, Afrique du Sud, le 6 Août 2012.

Nelson Mandela aura entretenu des rapports relativement étroits avec le Etats-Unis, ralliant les Américains à sa cause face au régime d’apartheid.
Il s’était également lié d’amitié avec l’ancien président démocrate Bill Clinton. Néanmoins, des tensions ont surgi.

Certes, le Prix Nobel de la Paix 1993 s’est rendu aux Etats-Unis à sa sortie de prison, et les Américains se sont précipités pour l’acclamer. En 1994, l’ex-président Bill Clinton l’a accueilli à bras ouverts à la Maison Blanche. Mais d’un autre côté, Mandela n’a pas ménagé ses critiques contre l’administration Bush lors de l’invasion de l’Irak en 2002, et tout comme les autres dirigeants du Congrès National Africain (ANC), il a figuré jusqu’en 2008 sur la liste dressée par les Etats-Unis des terroristes à surveiller. Ce qui le forçait, à chaque déplacement aux Etats-Unis, à remplir des formes supplémentaires et à répondre à des questions additionnelles.

Au terme de sa carrière de diplomate, l’américain Brooks Spector s’est installé en Afrique du Sud où il est corédacteur en chef du magazine en ligne « Daily Maverick ». Il estime que M. Mandela a dû avoir du mal à se faire une opinion des Etats-Unis, vu qu’il a passé plusieurs décennies en prison, coupé de l’actualité internationale.

Il est allé en prison alors qu’il y avait deux géants nucléaires prêts à se réduire en miettes, explique M. Spector. Et tout ce que faisaient les Etats-Unis semblait motivé par la guerre froide. Par contre, quand M. Mandela est sorti de prison, l'Union soviétique était sur le point de disparaître et l'empire soviétique en Europe de l'Est s'était effondré. Bref, tout l’univers politique qu’avait connu l’ancien leader de l’ANC avait disparu.

Peu de temps après sa libération en Février 1990 après 27 ans de réclusion, M. Mandela a entamé une tournée mondiale pour réunir des soutiens contre l’apartheid. Ses visites dans huit villes américaines ont été une marche triomphale pour l'ex-prisonnier politique, qui a su également rallier Hollywood à sa cause.

Le président Bill Clinton a salué son élection à la présidence de l’Afrique du Sud, et les deux hommes d’Etat se sont rapprochés, de même que leurs gouvernements.

Mais la lune de miel entre Washington et Prétoria s’achèverait abruptement avec l’élection des présidents George W. Bush et Thabo Mbeki, affirme l’ancien ambassadeur sud-africain Tom Wheeler. « Les rapports étaient certainement raisonnablement positifs sous l'ère Clinton, mais les choses ont pris une mauvaise tournure au cours de l'ère Mbeki-Bush et aujourd’hui, les choses se sont plus ou moins arrangées, sans être tout à fait aussi chaleureuses et à un niveau aussi élevé qu’auparavant », constate M. Wheeler.