Manifestations à travers les Etats-Unis pour exiger la "vérité" sur la Russie

Des milliers d'Américains marchent pour exiger la "vérité" sur la Russie, à New York City, Etats-Unis, 3 juin 2017.

Plusieurs milliers d'Américains se sont rassemblés à travers les Etats-Unis samedi pour exiger de Donald Trump la "vérité" sur l'affaire des ingérences russes qui empoisonne son début de mandat et qui n'est, selon les manifestants, que le symbole d'une présidence désastreuse.

Face à la Maison Blanche, réunis sur la grande coulée verte qui traverse le coeur de la capitale, entre 2.000 et 3.000 personnes ont scandé des chants hostiles au milliardaire républicain et réclamé la mise sur pied d'une "commission indépendante et transparente" pour enquêter sur une éventuelle collusion entre des responsables russes et l'entourage de Donald Trump durant la campagne présidentielle de 2016.

"Nous voulons aller au fond de cette affaire. Dans des circonstances habituelles, cela aurait valu la destitution" à un président, s'est énervé Leon Chen, un Texan de 32 ans venu participer à l'un des quelque 150 rassemblements sous la bannière de "la marche pour la vérité" dans tout le pays.

La nomination récente d'un procureur spécial, Robert Mueller, pour enquêter sur l'ingérence présumée dans la présidentielle américaine et la possible collusion "est un bon début", estime toutefois le jeune homme, en lâchant d'une main sa pancarte "Destituez Trump" pour réajuster ses lunettes.

Pas suffisant, toutefois, pour Robyn Warner, une écrivaine d'une soixantaine d'années venue d'Alexandria, en Virginie voisine, ceinte de son écharpe "Les femmes se lèvent".

"Nous avons besoin de cette commission indépendante" au Congrès, assure-t-elle, la voix presque couverte par les chants et les cris "résistance". "Le FBI va s'intéresser à certaines choses, tandis qu'une telle commission ira là où l'enquête la mène."

- Frontalement anti-Trump -

Pour cette "progressiste" qui ne se dit attachée à aucun parti, au-delà du flou qu'entoure les liens du président américain avec la Russie, c'est toute sa politique qui est "gênante".

"Il a réussi à s'aliéner les Américains à tous les niveaux. La santé vous intéresse? Vous êtes énervé. La vérité et la justice vous intéressent? Vous êtes énervé. L'environnement vous intéresse? Vous êtes énervé", énumère-t-elle.

Les rassemblements avaient en effet pour mot d'ordre l'affaire russe, mais les manifestants ne manquaient pas de pancartes et de slogans pour exprimer leur indignation quant à l'ensemble de la politique menée par Donald Trump.

Linda Sarsour, l'une des organisatrices, n'a pas non plus fait de mystère sur ce qui doit être, pour elle, un mouvement frontalement anti-Trump. "Nous demandons la transparence. Le président travaille pour les Américains et non pour une entité étrangère", a lancé l'activiste à la tribune du rassemblement à Washington, le visage cerclé par son hijab.

Mais "nous devons être tout aussi indignés et élever nos voix concernant les attaques faites à notre système de santé" ou lorsque Donald Trump "nous retire de l'accord de Paris" sur climat, a-t-elle aussi lancé.

- 'Enfermez-le' -

A New York également, près de 3.000 personnes s'étaient rassemblées dans le sud de Manhattan aux cris de "Traitre!", "Menteur!" ou "Enfermez-le!".

Comme à Washington, certains brandissaient des pancartes "Make our planet great again" ("Rendre sa grandeur à notre planète"), en référence au slogan du président français Emmanuel Macron après la sortie choc annoncée jeudi par Donald Trump de l'accord climat. En anglais, M. Macron avait détourné le désormais fameux slogan de campagne "Make America great again" ("Rendre sa grandeur à l'Amérique").

En parallèle de ces manifestations - qui ont aussi animé Los Angeles, Seattle ou Austin - moins de 200 partisans de Donald Trump se sont rassemblés devant la Maison Blanche pour soutenir la sortie de l'accord de Paris, brandissant des pancartes "Pittsburgh, pas Paris" ou "l'Amérique d'abord".

Les rassemblements se tiennent avant l'audition très attendue le 8 juin au Sénat de l'ancien directeur du FBI James Comey, limogé début mai par le président Trump, qui nie toute intervention contre le FBI autant qu'il dément une collusion avec Moscou. L'ancien premier policier des Etats-Unis est resté silencieux en public depuis son éviction.

Ses déclarations pourraient enfin apporter des éléments concrets au dossier. A moins, comme le craint Savannah Stark, une manifestante à Washington, "qu'une intervention présidentielle n'empêche l'audition".

Avec AFP