Les accès au coeur financier de la capitale économique du Nigeria étaient quasiment vides mercredi matin. La grande majorité des Lagossiens ne sont pas allés travailler, après avoir été bloqués des heures durant dans les embouteillages depuis le début de la semaine à cause des manifestations.
Depuis plus d'une semaine, des milliers de citoyens s'organisent sur les réseaux sociaux derrière le hashtag #EndSARS et battent le pavé dans plusieurs grandes villes du pays pour demander la suppression de la SARS, une unité de police accusée d'extorquer la population, d'arrestations illégales, de torture et même de meurtre.
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"Il y a environ 500 personnes au péage de Lekki ce matin", rapportait à l'AFP une manifestante, Aderonke Bamgbade. "Je suis ici pour apporter mon soutien à mes employés, la moitié d'entre eux ont été agressés par la police ces deux dernières années. Ca suffit de nous plaindre dans le confort de nos maisons, nous devons demander une meilleure police et un meilleur Nigeria."
Face à la pression de la rue, le gouvernement a d'abord annoncé dimanche le démantèlement immédiat de cette unité spéciale et n'a cessé de répéter son engagement pour "réformer" la police.
Mardi soir, le porte-parole de la police Franck Mba a annoncé une série de mesures, répondant aux demandes des manifestants, dont le suivi psychologique des officiers de la SARS "avant leur redéploiement dans d'autres organes de police".
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Il a également fait savoir qu'une nouvelle unité spéciale de police serait mise en place, l'unité spéciale d'Armes et de Tactiques (Special Weapons and Tactics, SWAT), provoquant une levée de boucliers de la jeunesse sur les réseaux sociaux.
Quelques heures à peine après l'annonce, le hashtag #EndSWAT avait remplacé le sloggan #EndSARS.
Plusieurs manifestations étaient également attendues dans plusieurs villes du sud du pays et à Abuja, la capitale fédérale, où l'armée a délogé les manifestants mardi.