"Dans un pays qui en théorie respecte la liberté de l'information, ces atteintes au droit et ces détentions de journalistes ne devraient pas se produire", a déclaré jeudi à l'AFP à Madrid la présidente de la Fédération des associations de journalistes en Espagne (FAPE, qui en regroupe 50), Elsa Gonzalez.
La ville marocaine d'Al-Hoceïma est depuis octobre 2016 l'épicentre d'un mouvement de contestation populaire qui dit lutter pour le développement du Rif. Depuis l'arrestation d'une centaine de manifestants fin mai, les rassemblements sont devenus quasi quotidiens à Al-Hoceima et dans les localités voisines.
La coalition marocaine des droits de l'Homme estime que 135 personnes - dont sept journalistes - ont été arrêtées depuis fin mai.
"Les organisations de journalistes mettent en garde contre les atteintes constantes aux droits qu'endurent les journalistes dans le Rif", écrit la FAPE dans un communiqué, parlant de "censure" et de "répression" de la presse.
"Les journalistes marocains dénoncent une chasse aux sorcières pour tenter de contrôler le climat de mécontentement provoqué par les abus et la corruption dans une zone particulièrement déshéritée" du nord du Maroc, écrit-elle.
"Le dernier journaliste arrêté est Mohammed El-Hilali, rédacteur du média digital Rif Presse", en attente de procès pour "insultes à fonctionnaires publics", rapporte la FAPE.
"Ses proches assurent que l'élément déclencheur a été son apparition dans un reportage de Canal 24 horas de (la télévision publique espagnole) TVE dans lequel il relatait la situation socio-économique du Rif", ajoute-t-elle.
Avec des collectifs de journalistes d'Andalousie (sud de l'Espagne), la Fédération espagnole réclame "une plus grande pression de la part des gouvernements de l'Union européenne et des organismes internationaux pour garantir le respect des droits humains".
Les autorités marocaines ont récemment affirmé que "la presse a pu couvrir librement les évènements du Rif".
Elles ont justifié les arrestations visant le noyau dur du "hirak" (mouvance, nom du mouvement de contestation) par la nécessité de "faire respecter la loi".
L'Etat marocain a par ailleurs relancé ces dernières semaines une série de projets de développement pour la région, érigée en "priorité stratégique".
Avec AFP