Du 11 au 31 janvier 2021 un réseau d’associations, dénommé MenEngage Togo, mène une campagne pour promouvoir l’équité genre et l’égalité des sexes. Axée sur la masculinité positive, cette campagne s’attaque aux stéréotypes pour susciter une prise de conscience.
Une récente étude réalisée par le réseau MenEngage Togo révèle que les Togolais sont ancrés dans la conception d’une masculinité dominante. C’est-à-dire la domination de l’homme sur la femme et sur son environnement social. Et donc les femmes doivent rester dans une position inférieure et soumise. Suite à ce constat, ce réseau s’engage dans une campagne dénommée “suis-je un homme ?”.
“Si je ne suis pas violent, si je n’évolue pas dans une logique de domination, si je n’harcèle pas par exemple, si je n’exerce pas forcément la force pour me faire entendre, si je m’occupe bien de mes enfants ensemble avec ma femme, si je fais les travaux ménagers comme ma femme et mes enfants, ne suis-je pas un homme ?”, s’interroge Kokou Edem Agboka, coordinateur de MenEngage Togo.
Pour cette campagne, le réseau mise sur des supports visuels frappants afin de pouvoir véhiculer son message.
“On peut voir l’image de cet homme-là qui a porté son enfant au dos. Beaucoup se diront, il aurait pu le porter à la main, mais c’est encore plus joli et plus engageant de voir que c’est un homme qui a son bébé au dos”, détaille Elsa M’béna BA, consultante. “Nous avons également des visuels comme un homme en train de laver ou de donner le bain à son bébé. Le bain traditionnel, ce qui est encore plus frappant. On peut voir aussi des hommes en train d’accompagner leurs femmes à la consultation prénatale”, ajoute la féministe.
“Le but c’est de pouvoir dire aux hommes : même en faisant tout ça, vous restez des hommes”, précise-t-elle.
“Un homme c’est la personne qui a compris que si la femme a les mêmes opportunités que moi, c’est avant tout une chance pour moi et que je suis dédouané aussi d’un certain nombre de choses. En gros, c’est la personne qui a compris que la femme c’est son égal”, explique Elsa M’béna BA.
Lire aussi : Dix pays africains ont déja confié la Primature à des femmesLa promotion de la masculinité positive est un pilier de développement social, soutient Rosaline Tsékpuia, du Mouvement féministe Girl’s Motion.
“On dit une femme doit être au foyer. Donc quand une famille se retrouve à choisir entre l’éducation de leur enfant garçon et de leur enfant fille, elle préfère choisir le garçon. Se disant que la fille de toute façon, elle va finir au foyer. Donc, ce concept de genre nuit au développement social de l’homme et de la femme”, explique la jeune dame.
Rosaline Tsékpuia estime, par ailleurs, que les hommes gagneraient plus en aidant les femmes dans leur rôle social. “Des fois même quand on discute, on se rend compte que c’est l’homme qui est le plus grand perdant. Il a toute cette pression sociale sur lui pour pouvoir être un vrai homme, un homme viril”, analyse-t-elle.
Les femmes ciblées aussi
Consciente de la place de la femme dans cette lutte pour l’équité genre et l’égalité de sexe, la campagne cible aussi la gent féminine. L’idée est d’aplatir les murs dressés par les femmes elles-mêmes quant à la promotion de la masculinité positive.
Ce père de famille confie à VOA Afrique qu’il n’a aucun complexe d’infériorité à s’adonner aux tâches ménagères.
“Je ne ressens aucune honte à transporter, par exemple, l’eau dans une bassine sur la tête dans la rue, quand il y a problème d’eau dans notre maison. Je ne ressens pas de gêne à balayer devant notre maison. Je suis fier parce que je me rappelle de tous les efforts que ma maman avait faits”, relève-t-il.
“Ce sont les femmes mêmes qui forgent le caractère dominant chez les hommes. Il est courant d’entendre dans la bouche d’une mère : mon fils ne fait pas ci ne fait pas ça. Par exemple, dans certaines contrées, on dit que le garçon ne fait pas du balayage au risque de devenir impuissant ou célibataire à vie”, a le coordinateur de MenEngage. “Ce sont des préjugés”, tranche M. Agboka.
“On est un homme même si on participe aux tâches ménagères, même si on respecte sa camarade femme, son collègue femme ou même sa femme à la maison. On reste toujours un homme quand on est proche de ses enfants”, conclut Rosaline Tsékpuia.
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