Massacre du 28 septembre : les victimes doivent encore attendre

Mohamed Lamine Fofana, ministre guinéen de la Justice face au journalistes à Conakry, en Guinée. (VOA/Zakaria Camara)

Les autorités judiciaires guinéennes sont à la recherche d’une salle d’audience et d'une formation des magistrats pour la tenue du procès du 28 septembre.

"Toutes les dispositions les plus rigoureuses doivent être prises pour la tenue du procès", a tenté de rassurer jeudi le ministre guinéen de la justice. Plus de 500 victimes sont à protéger et au moins 400 témoins doivent être entendus.

Pour le ministre Mohamed Lamine Fofana, "il va falloir mettre en place une salle d’audience digne de ce nom qui va abriter ce procès. La deuxième condition, c’est la préparation psychotechnique du personnel judiciaire".

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Dix ans après l'assassinat de plus de 150 personnes dans un stade de Conakry


La partie civile avait contesté la requalification des chefs d’accusation de crime contre l’humanité, mais elle a été déclarée non fondée par la Cour suprême, qui à son tour et après la Cour d’appel, considère le massacre du 28 septembre comme étant des crimes "ordinaires".

L’arrestation et l’inculpation d’Aboubacar Toumba Diakité, ex-aide de camp de Moussa Dadis Camara lui-même chef de la junte au moment des faits, avaient été bien accueillies par les défenseurs des droits de l’homme en Guinée.

Le ministre guinéen de la justice assure "les détenus sont dans de très bonnes conditions. Ils bénéficient d’un régime spécial’’, mais son avocat dit le contraire "Aboubacar Toumba Diakité a une pathologie qui ne peut lui permettre de comparaitre devant un quelconque juridiction", explique Maitre Paul Yomba Kourouma.

Pour l’avocat de l’ex-aide de camp de l’ex-chef de la junte, "Aboubacar Toumba Diakité est innocenté par les victimes et par le dossier".

Une saynète jouée lors de la commémoration du 8e anniversaire du massacre de Conakry, en Guinée, 28 septembre 2017. (VOA/Zakaria Camara)

L’instruction a été close il y a deux ans avec un comité de pilotage mis en place, mais ce n'est pas assez pour rassurer les victimes. "Les victimes vivent une situation pénible. Dix ans après, on est toujours dans l’attente de la justice, de soutien médical et psychologique. Nous voulons participer au procès", explique Asmaou Diallo, présidente de l’Association des victimes et parents du 28 septembre.

Le 28 septembre 2009, une manifestation de milliers de personnes contre la candidature du chef de la junte avait été réprimée par l’armée au stade aujourd'hui nommé "28 septembre" à Conakry. Selon une enquête de l’ONU, 157 personnes ont été tuées et plus de 100 femmes violées.