Massata Cissé, surnommé Mama Africa, est à l’origine des ronronnements de son véhicule poids lourd. A 57 ans, Massata a déjà transporté plusieurs centaines de tonnes de marchandises dans presque tous les pays de la sous-région.
"J'ai hérité de ce métier de mon papa car il était chauffeur" confie-t-elle à VOA Afrique. "Je conduis depuis 28 ans. En Afrique de l'Ouest, je suis la seule dans mon entreprise".
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Employée dans une cimenterie à Ouagadougou, elle est la seule femme sur près de 600 conducteurs qu'emploie la société. Albert Ima, le directeur de l'entreprise est satisfait.
"Ce n'est pas une activité facile. Parcourir de longues distances. Malgré son âge, c'est une femme qui se démarque du lot", estime-t-il. "Une femme au milieu de plusieurs hommes, cela ne peut être que louable pour l'image de la femme. C'est une grande combattante. Le camion est vraiment son métier".
Lire aussi : Sur la seule route commerciale de Centrafrique, accidents, pillages et racket se succèdentMama Africa en impressionne plus d'un. Oumar Coulibaly est chauffeur dans la même société. Pour lui, Massata Cissé n'est pas une simple collègue.
"Si on dit collègue, c'est trop dire. C'est ma patronne. C'est elle qui m'a formé. Je la connais depuis 1990 et c'est une femme formidable, exemplaire", soutient-il. "Dans toute l'Afrique de l'Ouest, je n'ai pas vu une femme pareille qui conduit de véhicules poids lourds avec des tas de tonnages si ce n'est pas elle".
La conductrice est sans complexe. Elle a un conseil à prodiguer à d'autres femmes. Mais la quasi sexagénaire, au soir de sa retraite, a des projets.
"Je demande aux femmes d'avoir le courage d'apprendre quelque chose, peu importe le métier", conseille-t-elle. "Le travail, c'est le courage. Je demande de l'aide aux autorités. Je veux mon propre camion aujourd'hui pour pouvoir former d'autres jeunes filles. Je veux faire une association et aider à la formation. Avec mon âge, c'est à ça que je pense".
Massata Cissé apparait aujourd'hui comme l'incarnation de l'émancipation de la Femme. Avec elle, il n'y a pas de métier réservé aux hommes et d’autres pour les femmes. Il faut simplement faire face aux vicissitudes de la vie pour s'en sortir.
VOA Afrique/ Lamine Traoré