L'ex-président et ses 11 co-inculpés sont notamment accusés de "corruption, blanchiment d'argent et enrichissement illicite". M. Ould Abdel Aziz avait été inculpé en mars 2021, en même temps que plusieurs hautes personnalités, pour ces faits présumés qui auraient été commis quand il dirigeait le pays de 2008 à 2019.
Parmi ses co-inculpés figurent un de ses gendres, deux anciens Premiers ministres et plusieurs anciens ministres et hommes d'affaires.
"Le juge d'instruction a effectivement décidé de renvoyer ces (12) personnes inculpées pour corruption devant la Cour criminelle (du tribunal de Nouakchott) chargée de juger les crimes de corruption", a déclaré à l'AFP un magistrat au parquet de Nouakchott, sous couvert d'anonymat. Aucune date n'a été annoncée pour la tenue du procès.
Lire aussi : La justice mauritanienne accepte de relâcher l'ex-président Aziz après son opérationLe juge n'a pas suivi le parquet qui avait requis "le renvoi de toutes les personnes inculpées devant la cour", deux d'entre elles ayant été blanchies: un ancien ministre des Finances et un ancien directeur de la société nationale industrielle et minière (SNIM), selon la même source. Quatorze personnes étaient initialement visées.
L'avocat de l'ex-président, Me Mohameden Ould Icheddou, a confirmé mercredi à l'AFP l'information sur le renvoi de M. Aziz et de ses co-inculpés devant un tribunal.
"Nous n'en avons pas encore reçu notification mais la décision a été prise de renvoyer toutes ces (12) personnes devant la cour criminelle. Nous réagirons le moment venu", a dit Me Ould Icheddou, sans dire s'il allait faire appel de cette décision.
Lire aussi : L'ancien président mauritanien Aziz, incarcéré, hospitalisé pour des "soins urgents"L'ex-chef d'Etat a été placé en détention en juin 2021 pour non-respect, selon la justice, des mesures de son contrôle judiciaire et trouble à l’ordre public, avant d'être relâché début janvier pour raisons de santé.
La justice avait été saisie en août 2020 du rapport d'une commission d'enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur des faits présumés de corruption et de détournement de fonds publics pendant les plus de 10 années de pouvoir de M. Aziz.
La commission s'est penchée sur plusieurs aspects: gestion des revenus pétroliers, vente de domaines de l'Etat, liquidation d'une société publique assurant l'approvisionnement du pays en denrées alimentaires, activités d'une société chinoise de pêche...
L'ex-président, qui crie au "règlement de comptes", a toujours refusé de parler au juge d'instruction. Il s'estime protégé par l'immunité que lui confère selon lui la Constitution.