Évasion de quatre jihadistes en Mauritanie, deux policiers tués

"La Garde nationale a renforcé son contrôle sur la prison et a immédiatement commencé à traquer les fugitifs afin de les arrêter au plus vite", a assuré le ministère de l'Intérieur mauritanien.

Quatre jihadistes se sont échappés dimanche soir d'une prison de Nouakchott en tuant deux policiers, en Mauritanie, un pays qui fait exception dans le Sahel puisqu'il est épargné par les attentats depuis 2011.

"À 21H00, ce 5 mars 2023, quatre terroristes ont réussi à s'évader de la prison centrale de Nouakchott après avoir agressé les gardiens, ce qui a entraîné un échange de tirs au cours duquel deux membres de la Garde nationale" sont morts et deux autres ont été légèrement blessés, a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. L'identité des fugitifs n'a pas été divulguée.

Deux d'entre eux avaient été condamnés à mort, et les deux autres sont en attente de jugement pour appartenance à une organisation terroriste, selon un responsable militaire ayant requis l'anonymat. La même source a précisé que leur véhicule avait été retrouvé dans le nord-est de Nouakchott. La peine de mort n'est plus appliquée depuis 1987 en Mauritanie.

Traque

"La Garde nationale a renforcé son contrôle sur la prison et a immédiatement commencé à traquer les fugitifs afin de les arrêter au plus vite", a aussi assuré le ministère, qui a appelé les citoyens à fournir toute information pouvant contribuer à leur capture.

Lire aussi : Sabre, des forces spéciales françaises depuis 14 ans au Sahel

Lundi matin, les axes autour de la prison étaient libérés après avoir été bouclés la veille au soir. Le quartier où elle est située avait retrouvé son calme, sans renforcement policier apparent, a constaté un journaliste de l'AFP. La coopération des populations pour lutter contre le jihadisme fait partie du maillon du dispositif sécuritaire qui préserve le pays du jihadisme, alors que ce dernier ne cesse de s'étendre chez ses voisins sahéliens.

Tandis que le Mali frontalier compte ses morts depuis qu'une insurrection jihadiste a débuté en 2012, la Mauritanie, quatre millions d'habitants, n'a pas connu d'attaque sur son sol depuis 2011. Elle était pourtant régulièrement ciblée par ces mouvements dans les années 2000, notamment des attentats et des enlèvements ciblés.

La Mauritanie fait partie avec le Burkina Faso, le Niger et le Tchad du G5 Sahel, que le Mali a quitté en 2022, et de sa force conjointe antijihadiste soutenue par la France, les Etats-Unis et l'ONU. Paris revendique avec Nouakchott une importante coopération de sécurité et de défense, en plus du développement.

Les autorités mauritaniennes investissent sur la formation et travaillent à fidéliser les soldats: budgets gonflés, nouveaux équipements, salaires versés à la banque, accompagnement social des militaires.

Dialogue

La Mauritanie prône aussi le dialogue pour gagner la bataille des esprits. Dès 2010, un dialogue est organisé entre les principaux oulémas et environ 70 jihadistes en prison. Les leaders religieux en convainquent une cinquantaine de se repentir. Parmi eux, certains sont envoyés à la télévision, dans les mosquées, pour prêcher auprès des jeunes que le jihad n'est pas la bonne voie.

Plus de 500 imams sont recrutés, et les jeunes sortis des mahadras (écoles traditionnelles islamiques) se voient offrir une formation professionnelle. Plus récemment, en 2022, le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a gracié huit prisonniers condamnés pour "terrorisme" dans une logique de "lutte" contre l'extrémisme par le "dialogue", selon l'agence officielle d'information.

La Mauritanie a à plusieurs reprises organisé des séances de dialogue avec ses prisonniers jihadistes, depuis l'ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz (2008 à 2019), pour obtenir leur repentir et les réinsérer dans la vie sociale. Une trentaine d'entre eux en avaient déjà bénéficié.