May retourne sur le gril du Parlement britannique

La Première ministre britannique Theresa May, à gauche, et le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, posent devant les photographes au début d'une réunion à La Haye, aux Pays-Bas, le mardi 11 décembre 2018. (AP Photo / Peter Dejong, Pool)

Theresa May se prépare à affronter mercredi des députés britanniques chauffés à blanc par sa décision de reporter le vote sur l'accord de Brexit, tout en poursuivant sa tentative d'obtenir des dirigeants européens qu'ils lâchent un peu de lest.

A partir de 12H00 GMT, la dirigeante conservatrice est attendue devant la chambre des Communes pour la traditionnelle séance hebdomadaire de questions au chef du gouvernement, à commencer par celles du leader de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn qui réclame sa tête mais n'a pas encore lancé l'offensive.

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Mardi, il a exigé que la Première ministre remette l'accord de Brexit "immédiatement" en débat devant le Parlement, affirmant ne rien attendre de la tournée de Mme May dans plusieurs capitales européennes pour essayer d'obtenir des concessions sur ce texte pour lequel elle n'a pas réussi à rassembler une majorité.

"Si ce n'est pas le cas, elle devra partir, nous ne pouvons plus tolérer de retard", a-t-il ajouté.

Il a cependant pour le moment refusé de déposer une motion de censure, comme le réclament entre autres le Parti national écossais SNP ou le Parti libéral-démocrate, affirmant "attendre le moment opportun (...) pour nous débarrasser de ce gouvernement".

Incapable de réunir son Parti conservateur autour de l'accord de sortie de l'Union européenne, conclu fin novembre après 17 mois de difficiles négociations, Mme May est aussi confrontée à une fronde interne qui aurait pu culminer au cours du vote du texte initialement prévu mardi, et qu'elle a finalement décidé de reporter en catastrophe lundi.

Les Brexiters conservateurs, comme l'allié nord-irlandais de Theresa May, le petit parti unioniste DUP, contestent en particulier la solution dite de "backstop" ou "filet de sécurité" qui doit créer provisoirement un "territoire douanier unique", englobant l'UE et le Royaume-Uni, pour éviter le retour d'une frontière physique entre l'Irlande et l'Irlande du Nord.

- "Aider, mais comment?" -

"Le backstop est une garantie nécessaire pour la population d'Irlande du Nord", a dit Mme May mardi soir à Bruxelles, où elle a rencontré le président du Conseil européen Donald Tusk et celui de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. "Il n'y a pas de deal possible sans backstop", a-t-elle ajouté.

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Mais "nous voulons être certains que c'est seulement temporaire. C'est l'assurance que je vais chercher dans les jours qui viennent", a ajouté la Première ministre qui a aussi rencontré la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre néerlandais Mark Rutte.

Mercredi après-midi, elle se rendra à Dublin pour de nouvelles discussions avec son homologue Leo Varadkar, l'un des principaux intéressés sur la question du backstop.

Le ministre irlandais des Affaires étrangères Simon Coveney a affirmé que "le gouvernement irlandais n'a aucun problème à fournir des assurances si cela peut aider", mais il a exclu de rouvrir l'accord de sortie.

Un discours au diapason de ceux exprimés à Berlin et Bruxelles, où l'on se refuse "à renégocier l'accord, y compris le filet de sécurité", a souligné M. Tusk avant de voir Mme May.

"Il est clair que l'UE à 27 veut aider. La question est de savoir comment", s'est-il interrogé, quelque peu désabusé, dans un tweet.

Pippa Catterall, professeure de sciences politiques à l'Université de Westminster, à Londres, s'interroge sur le bien-fondé de la décision de Mme May de reporter le vote et retourner discuter avec les Européens si ce n'est "pour éloigner le feu de la maison".

"La seule chose qu'elle pourrait obtenir est un léger changement de formulation", a-t-elle dit à l'AFP.

Avec AFP