"Le monde politique discute de l'immigration en parlant de chiffres et de nombres, et c'est pour cela qu'avec ce projet, nous voulons montrer la face humaine de ce thème", explique François Dumont, porte-parole de MSF Italie, joint par téléphone.
Dans la tente que MSF a installée sur une place du centre historique de Rome, un sol mou couleur sable et boue, un canot pneumatique crevé et des gilets de sauvetage disposés par terre accueillent le visiteur, au son de cris et de pas précipités.
Puis un dispositif de réalité virtuelle avec un masque et un casque audio le plonge à 360 degrés au milieu des migrants, d'abord en divers points du parcours par terre et par mer de la Syrie aux Balkans, puis dans le camp de réfugiés de Malakal (Soudan), où plus de 47.000 personnes s'entassent dans des conditions dramatiques.
Sur Twitter, Médecins sans Frontières a partagé une photographie de l'installation. " C'est un moment de partage lors de ces rencontres avec ceux qui fuient, pour briser le mur de la peur", a noté MSF.
"60 millions de déplacés", une campagne italienne
Depuis plusieurs mois, la section de MSF en Italie travaille sur une campagne pour sensibiliser les populations face à l'arrivée des migrants en Europe.
"Nous voulons amener les Italiens à comprendre cette problématique en les emmenant sur les routes des déplacés en Centrafrique, au Yémen, en Syrie et en Grèce sur la route des Balkans", précise François Dumont, "l'objectif étant de rapprocher l'Italie avec des problèmes qui se passent très loin d'ici".
"Les gens réagissent bien, ils leur faut souvent quelques minutes pour revenir à la réalité", confie-t-il, "ils peuvent parler avec des gens, ils tournent la tête et marchent avec des centaines d'autres personnes, les pieds dans la boue et vivent parfois les situations difficiles des migrants".
Il suffit de tourner la tête pour ne manquer aucun détail : les détritus qui jonchent le sol, la poussière, une femme qui fait la lessive dans une bassine ou encore les plaques de tôles des habitations de fortune.
L'objectif semble atteint : à la sortie de la tente, l'émotion domine.
"Nous avons testé le projet avec des médecins qui étaient sur place dans les camps de réfugiés et ils ont été très émus de leur expérience, car c'est vraiment comme s'ils y étaient à nouveau", se rappellent le porte-parole de MSF Italie.
Plus qu'informer, le but du projet est d'obtenir un large soutien des Italiens en les encourageant à signer un appel à la communauté internationale pour une politique en faveur de l'immigration et des déplacés.
Démarré le 15 juin à Rome, le projet "Experience" se déplacera dans plusieurs villes italiennes pendant une année complète.
Natasha Peteuil