M. Erdogan doit s'exprimer à 8h00 GMT devant le Parlement à Ankara, trois semaines après la disparition du journaliste.
Le Saoudien de 59 ans, tombé en disgrâce après être devenu critique du régime de Ryad, était entré au consulat de son pays à Istanbul le 2 octobre, pour une démarche administrative. Il n'en était pas ressorti vivant.
"Depuis le début, la ligne de notre président est claire: rien ne restera secret concernant cette affaire", a déclaré lundi le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin.
Lire aussi : Paris, Londres et Berlin demandent des faits à Ryad dans l'affaire KhashoggiLa Turquie "ne voudrait pas" que ses relations avec l'Arabie saoudite, "pays frère et ami", pâtissent de ce meurtre, a-t-il ajouté. "Par conséquent, une grande responsabilité incombe aux autorités saoudiennes sur la question de l'éclaircissement de cette affaire", selon ce porte-parole.
Les Turcs avaient rapidement mis à mal la thèse officielle de l'Arabie saoudite, selon laquelle M. Khashoggi était ressorti du consulat.
Dès le 6 octobre, une source proche du gouvernement révélait que la police était convaincue que le journaliste avait "été tué au consulat par une équipe venue spécialement à Istanbul et repartie dans la même journée".
M. Erdogan appelait alors les autorités saoudiennes à appuyer leurs dires avec des preuves.
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Au lieu de cela, Ryad a fini par avouer samedi que le journaliste était bel et bien mort au consulat, lors d'une "rixe". Il s'agissait d'une "opération non autorisée" par le pouvoir, et dont le prince héritier Mohammed ben Salmane ("MBS") n'était pas informé.
Après la succession de révélations dans la presse, toutes plus glaçantes les unes que les autres, cette version a convaincu peu de monde, et surtout pas les Occidentaux.
"Je ne suis pas satisfait de ce que j'ai entendu", a dit lundi à la presse le président américain Donald Trump, qui avait déjà déploré la veille les "mensonges" de Ryad. Son gendre et conseiller Jared Kushner a de son côté conseillé au prince héritier Mohammed ben Salmane "d'être transparent".
"Nous devons connaître toute la vérité sur ce qui s'est passé", a affirmé la Première ministre britannique Theresa May.
Lire aussi : Sous pression, Trump durcit le ton envers l'Arabie saouditeLa Turquie a enfoncé le clou lundi.
"Nous sommes face à une situation qui a été sauvagement planifiée et des efforts conséquents ont été déployés pour dissimuler" ce meurtre, a avancé le porte-parole du parti au pouvoir en Turquie (AKP), Omer Celik.
Un conseiller de M. Erdogan, Yasin Aktay, a écrit dans le quotidien Yeni Safak que la version saoudienne "donne l'impression qu'on se paie la tête de nos services de renseignement".
Le chef d'un commando de 15 Saoudiens dépêché à Istanbul pour tuer M. Khashoggi a appelé le directeur de cabinet de "MBS", Bader al-Asaker, "quatre fois après le meurtre", a ajouté M. Aktay.
Mais M. Erdogan lui-même s'est gardé jusque-là d'attaquer frontalement le pouvoir saoudien. D'après de nombreux analystes, il a préféré laisser les informations sortir dans la presse pour que la pression internationale s'intensifie.
Ceux-ci lisent par exemple attentivement un journaliste du quotidien Hürriyet, Abdulkadir Selvi, dont les écrits semblent donner des indications de la pensée du président turc. Or selon lui, Jamal Khashoggi a été tué par strangulation, avant qu'un expert médecin légiste saoudien ne découpe son corps en 15 morceaux.
Un mystère reste entier: si cette thèse s'avère, où sont ces parties du corps? D'après le chroniqueur, il n'est plus au consulat, mais quelque part dans Istanbul. La police turque a cherché sans succès.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir avait assuré dimanche "ne pas savoir où se trouve le corps", qualifiant la mort du journaliste d'"erreur monumentale".
Avec AFP