Mexico à l'offensive pour annuler les taxes douanières américaines

La secrétaire mexicaine à l'Economie Graciela Marquez s'est entretenue lundi avec le secrétaire américain au Commerce Wilbur Ross.

Une importante délégation mexicaine a lancé lundi une offensive aux Etats-Unis pour tenter de convaincre ce puissant voisin de renoncer à l'instauration prochaine de taxes douanières, destinées à forcer le Mexique à endiguer le flux de clandestins à leur frontière commune.

Les deux pays ont toutefois estimé que cette nouvelle crise pouvait être résolue avant l'entrée en vigueur de ces taxes le 10 juin, grâce à des discussions cette semaine à Washington.

Ces nouvelles tensions interviennent en plein processus de ratification du nouvel accord de libre-échange nord-américain AEUMC (accord Etats-Unis, Mexique, Canada).

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L'instauration progressive de ces droits de douane, jusqu'à 25% le 1er octobre, pourrait "provoquer une instabilité financière et économique" susceptible de menacer la capacité du Mexique à "contrôler les flux migratoires", a expliqué le chef de la diplomatie mexicaine Marcelo Ebrard, membre de l'importante délégation présente dans la capitale américaine.

- "Bonne volonté" -

Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador s'était dit plus tôt optimiste quant à une issue favorable. "Nous sommes pour la liberté commerciale et un accord peut être trouvé", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Mexico.

Ces discussions à Washington "ont un fort potentiel de succès", a déclaré Kevin Hassett, conseiller économique du président américain. "Les taxes douanières contre le Mexique ont une importance cruciale pour l'économie mexicaine et moins cruciale pour l'économie américaine".

Donald Trump a également de nouveau appelé lundi Mexico à agir. "En signe de bonne volonté, le Mexique devrait immédiatement stopper le flux de personnes et de drogues qui traversent son pays jusqu'à notre frontière sud. Il peut le faire s'il le veut!", a-t-il tweeté.

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Marcelo Ebrard, qui doit rencontrer mercredi son homologue américain Mike Pompeo, a précisé qu'il espérait aussi discuter avec le ministre par intérim de la Sécurité intérieure Kevin McAleenan, chargé de la surveillance des frontières.

La secrétaire mexicaine à l'Economie Graciela Marquez s'est entretenue lundi avec le secrétaire américain au Commerce Wilbur Ross. Ce dernier, cité dans un communiqué diffusé dans la foulée, a indiqué avoir "réitéré le message du président selon lequel le Mexique doit faire davantage pour aider les Etats-Unis à gérer l'immigration à travers notre frontière commune".

Selon l'administration américaine, plus de 100.000 personnes ont été arrêtées en mars et en avril en traversant illégalement la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, provoquant le courroux de M. Trump, qui a fait de la lutte contre l'immigration illégale une priorité.

Après avoir promis la construction d'un mur le long de la frontière et menacé de fermer les points de passage, le président américain veut forcer Mexico à agir contre les milliers de clandestins venus en majorité du Guatemala, du Salvador et du Honduras, fuyant la misère et la violence et traversant le Mexique pour demander l'asile aux Etats-Unis.

- Gel des aides -

Washington demande notamment à Mexico de "sécuriser" sa frontière sud et réclame que les immigrés fuyant la violence demandent l'asile au Mexique, qualifié de "pays sûr".

M. Ebrard a rejeté cette proposition jugée "inacceptable", soulignant les actions déjà prises par le Mexique.

Entre décembre 2018 et mai 2019, plus de 80.500 personnes ont été renvoyées dans leur pays, un processus qui a eu "un coût financier important" pour le gouvernement mexicain, a-t-il rappelé. Et, depuis le début de l'année, près de 25.000 personnes ont demandé l'asile au Mexique.

Sans ces efforts, "un quart de million de migrants supplémentaires arriveraient à la frontière américaine en 2019", a-t-il assuré.

Pour M. Ebrard, l'objectif est de coopérer avec Washington pour "accélérer le développement économique" des trois pays d'Amérique centrale les plus concernés, ce qui réduirait "la migration forcée" provoquée par la pauvreté et la criminalité frappant cette région.

"Il faut aborder les causes fondamentales de cette vague migratoire et y apporter une réponse globale", a-t-il expliqué, soulignant que les Etats-Unis avaient annulé en mars certains programmes d'aide aux trois pays du "Triangle du Nord" (Guatemala, Salvador et Honduras).

Washington s'était pourtant engagé en décembre à réaliser d'importants investissements dans la région et dans le sud du Mexique, dans l'espoir d'endiguer l'arrivée de migrants.

Avec AFP