L'ancien conseiller à la sécurité de Donald Trump accusé d’avoir menti au FBI

L'ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, Michael Flynn, accusé d’avoir menti au FBI, 10 février 2017.

L'affaire russe a connu vendredi un spectaculaire coup d'accélérateur avec l'inculpation de Michael Flynn, ancien conseiller du président américain Donald Trump, qui a plaidé coupable et accepté de coopérer avec la justice.

La vaste enquête du procureur spécial Robert Mueller sur l'ingérence de la Russie dans la présidentielle de 2016 - et les liens présumés entre des proches de M. Trump et Moscou - fait peser depuis plusieurs mois une lourde épée de Damoclès au-dessus du 45ème président des Etats-Unis.

Présenté à un juge devant une cour fédérale à Washington en milieu de matinée, Michael Flynn, ancien directeur du renseignement militaire américain, a reconnu avoir menti au FBI, une déclaration qui a immédiatement fait chuter Wall Street. Le Dow Jones a baissé de plus de 1% à la mi-journée avant de réduire ses pertes.

"J'admets que les actions que j'ai reconnues aujourd'hui devant le tribunal constituent une grave erreur", a-t-il écrit dans un communiqué diffusé peu après. "Mon plaider coupable et accord pour coopérer avec le bureau du procureur spécial reflète une décision que j'ai prise dans le meilleur intérêt de ma famille et de notre pays. J'accepte l'entière responsabilité de mes actions".

A sa sortie du tribunal, des manifestants ont crié 'Lock him up' c'est à dire " Mettez-le en prison !"

Ce rebondissement a mis la capitale fédérale américaine en ébullition.

Quelles informations cet homme de 58 ans aux traits sévères s'est-il engagé à livrer aux enquêteurs ? Jusqu'où ira-t-il pour tenter d'échapper à la prison ? Mettra-t-il directement en cause des proches de Donald Trump, voire le président lui-même ?


Selon le document signé de la main du procureur spécial, M. Flynn a, par ses fausses déclarations, "entravé" l'enquête. Le texte, explosif, souligne par ailleurs qu'il a "contacté" les Russes fin 2016 à la demande d'un "très haut responsable" de l'équipe Trump qu'il ne nomme pas. Ces échanges sont intervenus entre l'élection de Donald Trump et sa prise de fonctions à propos d'une résolution de l'ONU condamnant Israël.

"Enfermez-là !"

Cet ancien général, connu pour son indulgence avec la Russie et sa ligne très dure face à l'extrémisme islamique, fit preuve d'une extrême virulence durant la campagne où il encourageait les foules à crier "Enfermez-là !" à chaque évocation de la démocrate Hillary Clinton.


Il avait été poussé à la démission moins d'un mois après sa nomination à la Maison Blanche.

Il a été inculpé jeudi entre autre pour avoir menti sur la teneur de ses échanges avec l'ambassadeur russe à Washington sous Barack Obama, Sergueï Kisliak, notamment au sujet des sanctions imposées par les Etats-Unis à la Russie.

L'administration Trump a immédiatement tenté de minimiser le rôle de M. Flynn au sein de son équipe.

"Rien dans le plaider coupable ou les chefs d'inculpation n'implique d'autres personnes que M. Flynn", a indiqué Ty Cobb, le conseil de la Maison Blanche, soulignant, dans une formulation alambiquée, que M. Flynn n'avait été conseiller que pendant 25 jours et en le qualifiant d'"ancien de l'administration Obama".

Ce rebondissement de taille assombrit ce qui s'annonçait comme une journée de victoire pour M. Trump avec le vote probable par le Sénat de sa grande réforme fiscale.

"Un homme bien"

L'ancien homme d'affaires de New York a toujours réfuté la moindre "collusion" avec la Russie, se posant en victime d'un acharnement et dénonçant une "chasse aux sorcières" orchestrée par ceux qui refuseraient d'accepter sa victoire.

La relation entre Donald Trump et Michael Flynn fait l'objet d'une attention toute particulière depuis l'éviction brutale en mai du patron du FBI James Comey par le président.

Dans une audition début juin devant le Sénat qui avait sonné comme un coup de tonnerre à travers les Etats-Unis, ce dernier a en effet affirmé que Donald Trump lui avait personnellement demandé d'enterrer une enquête visant Michael Flynn.

"J'espère que vous pourrez trouver une façon d'abandonner cela, de lâcher Flynn. C'est un homme bien", aurait dit le président à M. Comey en tête à tête le 14 février dans le Bureau ovale.

James Comey a nargué le président américain vendredi avec une métaphore biblique, ironisant ainsi sur le coup de tonnerre politique du plaider coupable de Michael Flynn.

"Mais que le droit jaillisse comme une source, la justice comme un torrent qui ne tarit jamais", a écrit James Comey sur Instagram en citant le livre d'Amos, avec une photo de chutes d'eau.

L'ex-patron de la police fédérale avait été brusquement limogé par le président républicain début mai, au moment où le FBI dirigeait l'enquête sur l'ingérence russe dans la présidentielle américaine. Cette dernière a connu une accélération aussi fulgurante qu'embarrassante pour la Maison Blanche vendredi avec le plaider coupable de l'ancien conseiller de M. Trump.

M. Flynn est la quatrième personne proche de M. Trump mise en cause dans cette enquête menée par Robert Mueller qui, contrairement à un simple procureur fédéral, dispose d'une plus grande latitude d'action et d'une indépendance renforcée.

Une première vague d'inculpations avait eu lieu fin octobre avec la mise en accusation de Paul Manafort, l'ex-directeur de son équipe de campagne et Richard Gates. Un troisième, George Papadopoulos, a plaidé coupable d'avoir menti aux enquêteurs du FBI et accepté de collaborer avec les enquêteurs.

Avec AFP