Dès son entrée en fonctions, cette socialiste de 66 ans - qui a elle-même connu la détention - a vivement réagi à la condamnation à 7 ans de prison de deux journalistes birmans de l'agence Reuters, exigeant leur libération immédiate et dénonçant une "parodie de justice". Les deux hommes sont emprisonnés pour avoir enquêté sur un massacre de musulmans rohingyas par l'armée birmane.
Mme Bachelet, qui succéde au Jordanien Zeid Ra'ad Al Hussein, participe à partir de lundi à Genève à la 39e session ordinaire du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU.
Après un premier mandat (2006-2010) achevé avec une popularité record, l'ex-présidentechilienne n'avait pu immédiatement se représenter, la Constitution interdisant d'exercer deux mandats consécutifs.
Nommée directrice exécutive de l'ONU Femmes, elle avait alors quitté Santiago pour New York, où elle a pu nouer des contacts avec l'élite des dirigeants mondiaux et étoffer son bagage diplomatique.
Coulant des jours heureux aux Nations unies, Michelle Bachelet avait à l'époque reconnu dans un entretien que "c'était un job en or" et qu'elle avait alors "beaucoup de raisons d'y rester".
D'abord réticente à revenir en politique pour une seconde élection présidentielle, elle avait attendu le dernier moment, en mars 2013, pour se déclarer.
Au cours de son second mandat, elle a bousculé cette société réputée très conservatrice par une série de réformes progressistes, dont l'adoption du mariage homosexuel et la dépénalisation de l'avortement, auparavant interdit.
Une autre réforme phare, instaurant la gratuité de l'éducation, est restée à mi-chemin au Parlement.
Lors de sa première candidature à la présidence parrainée par l'ex-président socialiste Ricardo Lagos, après avoir été ministre de la Santé, puis la première femme ministre de la Défense d'Amérique latine, elle avait évoqué "ce sentiment de devoir".
Née le 29 septembre 1951 à Santiago, elle a passé son enfance à sillonner le Chili au gré des mutations de son père, pilote de l'armée de l'air. En 1970, elle entame des études de médecine et entre aux Jeunesses socialistes.
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Le 11 septembre 1973, date du coup d'Etat d'Augusto Pinochet, son père,promu général d'aviation et proche du président socialiste Salvador Allende, est arrêté, accusé de trahison. Il mourra six mois plus tard en détention, torturé par ses pairs.
La mort d'Alberto Bachelet marquera à jamais la vie de sa fille Michelle, qui voudra toujours se montrer à la hauteur de ce père aimé et admiré.
Elle poursuit ses études de médecine tout en aidant secrètement des personnes persécutées par le régime militaire. Mais en janvier 1975, elle est arrêtée avec sa mère par les services secrets, qui les conduisent au centre de Villa Grimaldi, où les deux femmes sont torturées.
Libérées fin janvier, mère et fille s'exilent en Australie puis en Allemagne de l'Est, où Michelle Bachelet continue ses études.
Dès 1979, elle est de retour au Chili où elle obtient son diplôme de chirurgien mais se verra refuser un poste dans le système public pour raisons politiques. Grâce à une bourse, elle se spécialise en pédiatrie et santé publique et travaille pour une ONG qui soutient les enfants de victimes de la dictature.
Après la transition démocratique de 1990, Mme Bachelet s'engage comme médecin du service public, tout en étudiant la stratégie militaire et les questions de défense. Elle veut, dit-elle alors, comprendre la vision militaire et les raisons du coup d'Etat et de la mort de son père.
Rompant avec le style figé de la classe politique traditionnelle, cette femme divorcée, mère de trois enfants et grand-mère, s'est notamment fortement engagée en faveur de l'amélioration des droits des femmes dans un pays où le divorce n'a été légalisé qu'en 2004.
Souriante, chaleureuse, celle que les Chiliens appellent simplement Michelle n'hésite pas à serrer les gens dans ses bras ou à danser et chanter en public si l'occasion se présente.
Elle n'a jamais évoqué les tortures subies alors qu'elle avait 24 ans. A l'occasion du 40e anniversaire du coup d'Etat en l'honneur des victimes, sur les lieux mêmes du centre de torture devenu un parc, Michelle Bachelet a expliqué simplement sa présence "en qualité de survivante de la Villa Grimaldi".
Avec AFP