France: le ministre de l'Intérieur en faveur des camps pour migrants comme en Grèce

Une réfugiée est contrôlée par un membre de la sécurité privée avec un détecteur de métaux avant d'entrer dans le nouveau RIC de Samos, le premier des cinq nouveaux camps de migrants «fermés», sur l'île de Samos, en Grèce, le 20 septembre 2021.

Le ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin a prôné lundi "le modèle grec" de contrôle des frontières et souhaité que d'autres pays du sud de l'Europe puissent mettre en place des camps d'enregistrement sécurisés, comme celui inauguré récemment sur l'île de Samos.

"Nous souhaitons que le modèle grec soit appliqué dans les autres pays méditerranéens, comme en Italie, en Espagne, à Malte", portes d'entrée des migrants et réfugiés en Europe, a indiqué Gérald Darmanin lors d'un entretien à l'AFP.

Dimanche, le ministre de l'Intérieur s'était rendu sur l'île grecque de Samos en mer Egée face à la Turquie où les autorités grecques avaient inauguré fin septembre un camp "fermé et à accès contrôlé" entouré de barbelés et de miradors.

Les demandeurs d'asile ne peuvent sortir que de 8 heures à 20 heures, et sont contraints de présenter leurs empreintes digitales et un badge électronique au portail magnétique à l'entrée.

Ce camp a remplacé l'ancien camp surpeuplé et sordide, situé près du port de Vathy. La Grèce s'est engagé à construire d'autres camps "fermés" comme celui de Samos, grâce à des fonds européens, sur quatre autres îles de la mer Egée.

"Nous demandons aux pays du sud de l'UE de faire comme les Grecs de contrôler davantage les frontières extérieures et aux autres pays d'accepter un système de solidarité", a déclaré le ministre français.

Les premiers groupes de réfugiés et de migrants sont transférés en bus vers le nouveau RIC de Samos, le premier des cinq nouveaux camps de migrants « fermés », sur l'île de Samos, en Grèce, le 20 septembre 2021.

Pour de nombreuses ONG de défense des droits de l'homme dont Amnesty International, ce nouveau camp "empêche d'identifier de manière efficace les personnes vulnérables" et "limite l'accès des demandeurs d'asile aux services".

"De l'avis de personnes qui travaillaient dans l'ancien camp de Vathy mais aussi de demandeurs d'asile, les conditions de vie sont meilleures", a pourtant assuré le ministre français.

"Ce camp impressionnant a été pensé comme un centre d'attente et permet aux Grecs de bien tenir leurs frontières", a-t-il ajouté.

Par rapport à 2015, où certains jihadistes s'étaient infiltrés dans le flot de réfugiés arrivés en Grèce et avaient pu participer aux attentats du 13 novembre à Paris, la sécurité a été renforcée sur les îles grecques.

"Il existe toujours des craintes d'attaques terroristes mais aujourd'hui en France la menace est essentiellement endogène", a précisé Gérald Darmanin.

La France qui exercera la présidence semestrielle de l'Union européenne à partir de janvier compte faire du renforcement des frontières extérieures de l'Europe une priorité.

"Nous aimerions que tous les pays qui sont aux frontières de l'Europe puissent avoir la même politique de contrôle et d'enregistrement des personnes qui entrent sur le territoire européen", a noté le ministre français.

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Inquiétude sur de nouvelles arrivées

"Beaucoup d'étrangers entrent en Europe sans être enregistrés et on ne sait pas, quand ils arrivent en Allemagne ou en France, quel âge ils ont, quelle est leur nationalité, par où ils sont rentrés", constate-t-il.

Athènes se félicite de la décongestion des camps sur les îles de l'Egée mais les ONG expliquent cette baisse par le refoulement des migrants vers la Turquie, ce que la Grèce nie.

"Nous faisons confiance aux Grecs pour faire la transparence nécessaire sur ce qu'il s'est passé. Nous devons aux Grecs beaucoup de solidarité mais nous devons aussi exiger d'eux de la responsabilité, comme tous les pays qui se trouvent aux frontières de l'Europe", a réagi Gérald Darmanin.

Il s'est prononcé pour une politique migratoire européenne commune. "Regardez ce qui se passe en Afghanistan ou en Biélorussie, nous ne savons pas de quoi sera fait demain!", a averti le ministre, se disant "attaché à ce que l'agence Frontex voit ses moyens humains et financiers augmentés".