Malgré la guerre, le footballeur syrien al-Khatib répond "à l'appel"

Le Syrien Firas al-Khatib, à droite, lors d'un match au Koweit, le 19 mai 2009.

Au début de 2011, Firas al-Khatib, un pilier de la sélection syrienne, était loin de se douter qu'il lui faudrait renoncer durant des années à défendre les couleurs de son pays. Aujourd'hui, malgré la poursuite de la guerre, il vit un retour gagnant.

Originaire de la ville de Homs (centre), l'attaquant avait annoncé en juillet 2012 qu'il ne défendrait plus le maillot de l'équipe nationale tant que les "canons" continueraient "à retentir en Syrie".

Mais ce joueur âgé de 34 ans, qui évolue dans un club koweïtien (Al-Salmiya), a finalement fait son retour cette année en équipe nationale, bien que la page du conflit, qui a fait plus de 330.000 morts, soit loin d'être tournée.

Préférant rester vague sur les raisons de son éloignement puis de ce revirement, Firas al-Khatib affirme à l'AFP être revenu "pour donner de la joie au peuple syrien après une longue période difficile". Dans ce pays profondément morcelé, "tous les Syriens seraient heureux si nous nous qualifions pour le Mondial" de l'an prochain en Russie, souligne-t-il.

Pour cela, la Syrie devra remporter ce mois la double confrontation face à l'Australie, en barrages. Puis gravir le mois suivant une ultime marche contre une nation de la zone Concacaf (Amérique du Nord, centrale et Caraïbes).

Le 5 septembre, rompant avec leur triste quotidien, les Syriens de tous bords, partisans de la rébellion ou du régime de Bachar al-Assad, ont déjà eu une opportunité d'hurler de joie, lors du match nul (2-2) contre l'Iran qui leur permet désormais de rêver à une première participation à la Coupe du monde, la plus prestigieuse des compétitions internationales.

"Si le pays fait appel à nous, nous devons répondre à cet appel", clame Firas al-Khatib.

'Un leader'

Autre international syrien, Omar Al-Soma évolue en Arabie saoudite, dans le club d'Al-Ahly. Il a lui aussi effectué un récent retour en sélection, après l'avoir désertée en raison, probablement, de son soutien à la rébellion.

"Il ne fait aucun doute qu'Al-Soma est le meilleur attaquant du monde arabe et il est normal que son retour soit un grand plus" pour la Syrie, commente al-Khatib.

Lors du match à Téhéran, c'est lui qui a marqué dans les ultimes minutes, permettant à son équipe d'arracher le nul.

"J'espère de mon côté pouvoir apporter quelque chose à l'équipe avec mon expérience", poursuit Firas al-Khatib, qui vit sa 5e participation à des qualifications pour un Mondial.

Auteur de 29 buts en 73 sélections, selon la Fédération syrienne de football, cet attaquant axial a débuté sa carrière internationale en 2002. Il a par la suite effectué la plus grande partie de son parcours au Koweït, mais a aussi joué en Irak, au Qatar et même en Chine, à Shanghaï.

Craint des défenseurs adverses pour sa frappe de balle, Al-Khatib se distingue aussi par sa capacité à marquer des deux pieds et, malgré sa relative petite taille (1,74 m), par son solide jeu de tête.

Mais son rôle est avant tout "essentiel du point de vue psychologique: il ne cesse d'encourager ses coéquipiers, durant les entraînements comme en matches", relève son entraîneur d'Al-Salmiya, Abdel Aziz Hamadé.

"S'il n'est pas nécessairement le meilleur joueur étranger évoluant au Koweït, il est sans aucun doute parmi les premiers", poursuit le technicien.

Mohammed Jragh, un ancien coéquipier koweïtien, voit en lui "un leader dans tous les sens du terme".

Sur la confrontation face à l'Australie, Firas al-Khatib affiche en tout cas le calme des vieilles troupes, même si sa sélection ne pourra compter sur le soutien de ses supporteurs lors du match aller, délocalisé en Malaisie: du fait de la guerre, la Syrie "recevra" à Malacca, loin de Damas ou Alep.

"Les Australiens ont plus d'expérience que nous (...), mais cela ne veut pas dire que l'affaire est pliée d'avance", prévient-il.

Avec AFP