Mondial 2022 : le Qatar pressé de prendre des mesures de protection des travailleurs immigrés

La maquette du stade Al-Gharafa, Qatar.

L'Emirat devrait enquêter sur la mort de certains de ces travailleurs immigrés et de rendre ses conclusions publiques, enjoint Human Rights Watch.

Le Qatar, hôte du Mondial-2022, doit introduire d'urgence des lois destinées à protéger la vie des quelque 800.000 ouvriers immigrés, a réclamé mercredi HRW.

L'organisation de défense des droits de l'Homme a également demandé à l'émirat d'enquêter sur la mort de certains de ces travailleurs immigrés et de rendre ses conclusions publiques.

"L'échec des autorités qataries à mettre en place la protection la plus basique contre les fortes chaleurs, leur décision d'ignorer les recommandations à enquêter sur les morts des travailleurs et leur refus de rendre publics les chiffres de ces morts constituent une abdication de responsabilité volontaire", a expliqué l'auteur du rapport.

Il a également poussé la Fifa, l'instance dirigeante du football mondial, mais aussi les Fédérations nationales et les sponsors de la Coupe du monde à réclamer plus de protection contre la chaleur et l'humidité.

"Ils devraient tous se poser deux questions toutes simples: combien d'ouvriers sont morts depuis 2012, et comment sont-ils morts?", a ajouté l'auteur.

Le Qatar a certes introduit une loi empêchant les gens de travailler à l'extérieur entre 11h30 et 15h00 entre le 15 juin et le 31 août, lorsque les températures peuvent atteindre 50 degrés.

Mais ces mesures sont insuffisantes pour HRW, qui estime que "limiter les températures de travail à des niveaux plus sûrs -et non établis par une horloge ou un calendrier- est dans les capacités du gouvernement qatari et aiderait à protéger des centaines de milliers d'ouvriers".

- Transparence -

A l'heure actuelle, le thermomètre monte au-dessus de 30°C tandis que l'humidité ambiante dépasse les 50%.

Des recherches médicales montrent, selon HRW, que le stress thermique est un véritable risque pour ceux qui travaillent à l'extérieur. L'organisation basée à New York a ainsi réclamé plus de flexibilité de la part des autorités qataries.

HRW a également demandé plus de transparence à Doha, les derniers chiffres officiels datant de 2012.

A l'époque, selon HRW, sur les 520 morts d'ouvriers venus du Bangladesh, d'Inde et du Népal, il n'y avait ni explication ni enquête pour 385 d'entre eux, soit 74%.

En réponse, le comité d'organisation de la Coupe du monde 2022 au Qatar a affirmé dans un communiqué être engagé à protéger les ouvriers et réfuté toute "abdication de responsabilité".

Selon lui, 11 ouvriers sont morts sur des chantiers du Mondial, mais seul le décès de deux d'entre eux serait directement lié au travail.

"Le Qatar est engagé en faveur de son programme de réforme du travail et réexamine toujours ses politiques pour assurer que les travailleurs migrants reçoivent la protection nécessaire sur les chantiers", a pour sa part affirmé dans un communiqué le directeur de communication du gouvernement, Cheikh Saif Al-Thani.

Habituellement disputé en juin et juillet, période de l'année où les températures sont caniculaires au Qatar, la Fifa a décidé de repousser le Mondial-2022 aux mois de novembre et décembre pour un déroulement dans des conditions climatiques plus favorables.

Avec AFP