La France coiffe l'Afrique du Sud pour l'organisation du Mondial 2023 de rugby

Le président du rugby français Bernard Laporte, au centre, donne une interview après la désignation de la France pour accueillir la Coupe du monde de rugby 2023, à Londres, le 15 novembre 2017.

La France, pourtant non recommandée par World Rugby, a été choisie pour organiser en 2023 la deuxième Coupe du monde de rugby de son histoire, après celle de 2007, coiffant sur le fil le favori sud-africain, qui a dénoncé un processus devenu "opaque" ces deux dernières semaines.

Les Français avaient donc raison de se montrer optimistes: à Londres, les votants n'ont pas suivi les recommandations de World Rugby, le 31 octobre, de confier la compétition à l'Afrique du Sud, qui l'avait eue en 1995.

La France accueillera donc en moins d'un an deux compétitions mondiales majeures: à la Coupe du monde de rugby en septembre-octobre 2023 succèderont en août 2024, les jeux Olympiques de Paris.

Le dossier français, pourtant classé deuxième du rapport d'évaluation (derrière l'Afrique du Sud, l'Irlande étant troisième), a convaincu les fédérations et confédérations membres du conseil de World Rugby dès le premier tour: il y a récolté 18 voix (contre 13 pour l'Afrique du Sud et 8 pour l'Irlande), et 24 au second, contre 15 pour l'Afrique du Sud.

Une décision difficile à avaler pour l'Afrique du Sud, candidat malheureux pour la quatrième fois de suite (après 2011, 2015 et 2019).

"World Rugby a conduit un processus exhaustif et transparent pendant quinze mois pour identifier la meilleure nation (pour organiser la Coupe du monde). Ce processus est devenu totalement opaque ces deux dernières semaines", a déclaré dans un communiqué Jurie Roux, directeur général de la Fédération sud-africaine (Saru).

Il a cependant exclu de porter toute réclamation: "Nous avons toujours dit que nous respecterions le processus et nous estimons désormais qu'il est clos."

- World Rugby dément toute "humiliation" -

"Je suis fier. Merci à World Rugby qui a fait beaucoup, même s'il y a eu des incompréhensions", a déclaré de son côté à Londres le président de la Fédération française de rugby (FFR), Bernard Laporte, qui était en 2007 sélectionneur du XV de France.

"Nous avons un dossier qui a été solide, nous ferons de notre mieux et je peux vous garantir que ce sera une Coupe du monde réussie" a ajouté Laporte, visé par une enquête diligentée par le ministère des Sports pour des soupçons de favoritisme. Ses conclusions sont attendues d'ici quelques semaines.

La France, comme l'Irlande, avait en effet critiqué avec véhémence le rapport d'évaluation qui pointait notamment des carences en termes d'infrastructures (stades, hôtels, transports) par rapport à l'Afrique du Sud.

Laporte avait également été stupéfait que la France et l'Afrique du Sud soient classés à égalité au niveau de la sécurité.

Avant de coucher par écrit ces récriminations dans un courrier officiel adressé à World Rugby, lui demandant de modifier le rapport.

L'organe qui gère le rugby mondial ne l'avait pas fait, et la décision des votants mercredi constitue un camouflet pour lui.

"Regardez les faits, seulement un tiers des votes suivaient l'avis de la recommandation. Cela parle de lui-même", a ainsi réagi Philip Browne, le directeur exécutif de la fédération irlandaise, en visant implicitement World Rugby.

Son président, l'Anglais Bill Beaumont, a cependant nié toute "humiliation". "J'ai été impliqué dans une candidature anglaise (en 2007) qui n'avait récolté que trois voix -- dont deux anglaises -- donc je peux comprendre la déception (de l'Afrique du Sud)" a ajouté Beaumont, qui avait placé le 31 octobre l'Afrique du Sud "clairement en tête".

Outre les infrastructures, l'autre point fort annoncé du dossier français était financier, avec des revenus reversés à World Rugby (et donc aux fédérations nationales) estimés à quelque 300 millions d'euros.

Avec AFP