Dans la capitale éthiopienne et dans plusieurs localités de sa périphérie en région oromo - principal foyer de la contestation antigouvernementale de ces trois dernières années -, les rues étaient inhabituellement calmes et de nombreux magasins n'avaient pas ouvert leurs portes.
"Nous avons peur. La grève est une réponse à la crainte" que nous inspire l'état d'urgence, a expliqué à l'AFP un habitant de Burayu, sous couvert de l'anonymat de peur d'être arrêté par la police.
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La région oromo entoure Addis Abeba et sur les axes routiers de sortie de la capitale, de nombreux bus et poids lourds étaient en file indienne à l'arrêt, de peur d'être pris pour cible s'ils s'aventuraient en dehors de la ville.
"Nous ne prendrons pas la route car les camions ne peuvent pas passer: nous pourrions être visés par des jets de pierres", a déclaré à l'AFP un chauffeur de poids lourd.
L'état d'urgence décrété le 16 février, au lendemain de la démission surprise du Premier ministre, Hailemariam Desalegn, après six ans à la tête du pays, interdit toute grève ou entrave à la circulation.
Un premier état d'urgence instauré entre octobre 2016 et août 2017 avait ramené, au prix de milliers d'arrestations, un calme relatif dans le pays, confronté à un mouvement de contestation antigouvernementale sans précédent depuis l'arrivée au pouvoir de l'actuel régime, en 1991.
Le mouvement de protestation avait débuté fin 2015 en région oromo (sud et ouest), la plus importante ethnie du pays, puis s'était étendu courant 2016 à d'autres régions, dont celle des Amhara (nord). Sa répression a fait au moins 940 morts.
Ces manifestations étaient avant tout l'expression d'une frustration des Oromo et des Amhara, qui représentent 60% de la population, face à ce qu'ils perçoivent comme une sur-représentation de la minorité des Tigréens au sein de la coalition au pouvoir, l'EPRDF.
Les quatre partis qui forment l'EPRDF ont multiplié ces derniers jours des consultations internes en vue de la nomination prochaine d'un successeur à M. Hailemariam.
Avec AFP