Les combattants jihadistes, affiliés au groupe Etat islamique (EI) et qui cherchent à établir un califat dans la région, s'étaient emparés mercredi à l'aube de la ville, située dans la province de Cabo Delgado, près de la péninsule d'Afungi, qui abrite d'importantes installations pour le développement de gaz naturel liquéfié, l'un des plus gros investissements en Afrique auquel participe notamment le groupe français Total.
"A cet instant, les forces de défense et de sécurité tentent de reprendre le contrôle de la situation. Mais celle-ci demeure tendue et précaire", a expliqué Jaime Neto à des journalistes dans la capitale, Maputo.
Lire aussi : L'État islamique s'empare d'un port stratégique au Mozambique, lourdes pertes au sein de l'arméeLe ministre a expliqué que les jihadistes, habillés en civil, s'étaient infiltrés dans plusieurs quartiers de la ville, avant de lancer par surprise leurs attaques contre les forces gouvernementales et les civils.
Le nord du Mozambique, à majorité musulmane, est le théâtre depuis 2017 d'une insurrection islamiste qui a fait un millier de morts et entravé le développement de l'exploitation de ses réserves de gaz offshore.
Les violences y ont fait plus de 1.500 morts et ont déplacé plus de 250.000 personnes, selon l'ONG The Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED).
L'assaut d'envergure de jeudi est la troisième attaque menée contre Mocimboa da Praia pour la seule année 2020.
Une précédente occupation de la ville avait provoqué un exode massif de ses habitants.
Pour Calton Cadeado, un chercheur au Centre d'études internationales et stratégiques, basé à Maputo, le Mozambique a besoin de l'aide de ses voisins pour lutter contre l'agression jihadiste.
"Je comprends bien que le Mozambique soit réticent à demander le soutien de pays comme les Etats-Unis, la France ou le Royaume-Uni, mais il devrait faire appel aux pays de la Communauté des États d'Afrique australe (SADC), comme par exemple la Tanzanie", a-t-il estimé.
Le Mozambique a été déchiré par une guerre civile qui a fait un million de morts entre 1976 et 1992. Depuis 2016, le Mozambique se débat dans une grave crise financière causée par la révélation d'un emprunt secret de 2 milliards de dollars, qui a mis au jour une vaste opération de corruption au sommet de l'Etat.
Le pays a aussi été fragilisé par le passage en mars 2019 du cyclone Idai, qui avait détruit la deuxième ville du pays, Beira (centre).