Jusque tard dans la nuit, des centaines de partisans de l'opposition ont exprimé, parfois violemment, leur dégoût face à un scrutin "volé", selon eux, par une commission électorale "corrompue" qui a attribué près de 71% des voix à Daniel Chapo, qui succédera au président sortant Filipe Nyusi en janvier.
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Jeudi après-midi, la commission électorale n'avait pas terminé d'annoncer les résultats que des centaines de manifestants affluaient déjà dans le centre de la capitale. Ils ont mis le feu à des pneus, au milieu de plusieurs avenues, et grimpé sur d'immenses panneaux publicitaires à dominante rouge en faveur du Frelimo pour les détruire rageusement. Ils ont jeté des pierres et autres objets en direction des policiers anti-émeutes qui les ont dispersés au gaz lacrymogène, a constaté l'AFP.
Venancio Mondlane, nouveau leader de l'opposition qui a officiellement récolté 20% des voix à la présidentielle, a réitéré jeudi soir, en direct sur Facebook, ses accusations de fraude.
"Nous rejetons absolument ces résultats", a-t-il déclaré. "Ils ne reflètent pas la volonté du peuple", a-t-il ajouté, qualifiant la situation politique dans le pays lusophone d'Afrique australe de "pourri, frelaté et faux". Il avait appelé à manifester jeudi et vendredi pour "paralyser le pays".
"Ce pays doit être dirigé par Venancio"
Des incidents isolés ont eu lieu dans plusieurs villes, notamment à Nampula où une personne est morte dans des affrontements entre police et manifestants, selon la police.
A Maputo, dans la foule des manifestants, le score jugé exagéré de 71% pour le parti au pouvoir laisse un goût amer. "Ce pays doit être dirigé par Venancio", confiait un homme à l'AFP, ne souhaitant pas donner son nom. "Nous n'avons pas voté pour ces sangsues, nous n'avons pas voté pour cet homme", Daniel Chapo, "nous sommes fatigués de tout ça".
Nombre d'observateurs ont déploré de préoccupantes irrégularités dans le processus électoral et des fraudes parfois "grossières", selon l'Eglise catholique. La mission de l'Union européenne a notamment déploré un "net favoritisme" pour le Frelimo pendant la campagne. Puis des "altérations injustifiées de résultats", après avoir constaté que sur un tiers des dépouillements observés, les chiffres "ne concordent pas".
Lire aussi : Daniel Chapo, "l'inconnu" devenu président du MozambiqueD'emblée, le nombre d'inscrits annoncés, plus de 17 millions sur une population totale de 33 millions, dont l'âge médian se situe autour de 17 ans, posait problème, avaient relevé des experts. Au Mozambique, pour ce scrutin, 104% de la population adulte en âge de voter était ainsi inscrite sur les listes électorales, avait souligné la mission de l'UE.