Mozambique: le conflit affame les déplacés qui sont dépendants de l'aide

Un homme attend de recevoir une aide alimentaire à l'extérieur d'un camp de survivants déplacés du cyclone Idai à Dombe, au Mozambique, le 4 avril 2019.

Les attaques croissantes de groupes armés jihadistes dans le nord du Mozambique aggravent la menace de la faim pour quelque 300.000 déplacés, de plus en plus dépendants à l'aide humanitaire mais aussi plus difficiles à atteindre, s'inquiète mardi le Programme alimentaire mondial (PAM).

L'agence onusienne se dit "très préoccupée par l'intensification du conflit et la détérioration de la sécurité alimentaire" dans la province de Cabo Delgado, où "plus de 300.000 personnes ont fui leurs maisons et leurs villages, abandonnant leurs récoltes et les rendant complètement dépendants de l'aide humanitaire".

"La violence prive les gens de nourriture et de moyens d'existence", souligne Antonella D'Aprile, la nouvelle représentante du PAM au Mozambique, citée dans ce communiqué.

"L'insécurité croissante et la faiblesse des infrastructures compliquent l'accès à ces gens qui ont besoin d'aide, sans compter la couche de complexité supplémentaire ajoutée par la pandémie de coronavirus", détaille-t-elle.

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Ces derniers mois, l'insurrection jihadiste installée dans le nord depuis trois ans monte en puissance, avec davantage d'attaques et la prise d'un port stratégique à la mi-août. Les forces gouvernementales peinent à reprendre l'avantage, affirmant que les jihadistes se mêlent à la population locale, alors qu'elles cherchent à sécuriser de très importantes installations gazières dans cette zone.

Selon les dernières prévisions du Réseau d'alerte des famines (FEWSNET), ces populations déplacées vont continuer à faire face à des niveaux "de crise" en termes d'insécurité alimentaire au moins jusqu'à début 2021, note le PAM.

La situation est d'autant plus préoccupante que Cabo Delgado souffre de malnutrition chronique, plus de la moitié de ses enfants de moins de cinq ans étant régulièrement sous-alimentés. "Tout choc supplémentaire ferait empirer la situation, surtout pour les femmes et les enfants", met en garde le PAM.

Des milliers de réfugiés sont entrés en Tanzanie, pays frontalier, faisant redouter une régionalisation du conflit. D'autres sont déplacés à l'intérieur de la province ou ont trouvé refuge dans les provinces de Niassa et Nampula, respectivement à l'ouest et au sud, rappelle le communiqué.