Nouvelles inculpations dans le scandale de la "dette cachée" au Mozambique

Une image de la télévision mozambicaine montre la magistrate Beatriz Buchili devant l’Assemblée nationale, Maputo, 18 avril 2017. (Twitter/Tomas Queface)

La justice mozambicaine a inculpé dix personnes de plus, dont quatre étrangers, dans le scandale dit de la "dette cachée" qui a précipité le pays dans une grave crise financière, a révélé mercredi la procureure générale Beatriz Buchili.

Cette affaire a éclaté en 2016, lorsque le gouvernement de Maputo a révélé avoir contracté sans prévenir le Parlement ni ses bailleurs de fonds pour 2 milliards de dollars de prêts destinés à l'achat de navires, notamment militaires.

Plusieurs enquêtes judiciaires pour corruption et détournement de fonds ont été ouvertes en Suisse, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et au Mozambique.

La révélation de ces prêts a précipité le Mozambique dans sa pire crise financière depuis son indépendance en 1975. La plupart des bailleurs de fonds du pays ont suspendu leur aide et Maputo a été contraint d'interrompre le remboursement de sa dette.

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L'an dernier, une vingtaine de personnes soupçonnées d'avoir touché des pots-de-vin en marge du versement de ces prêts avaient été arrêtées et inculpées au Mozambique, dont un des fils de l'ex-président Armando Guebuza.

Lors d'un procès aux Etats-Unis l'an dernier, un des protagonistes de l'affaire a accusé l'actuel chef de l'Etat, Filipe Nyusi, d'avoir lui aussi perçu des commissions pour financer sa campagne électorale de 2014. Le parti au pouvoir a nié ces allégations.

"Dans ce dossier, dix personnes (de plus) ont été inculpées, quatre étrangers et six Mozambicains", a indiqué mercredi la procureure générale Buchili lors d'un discours prononcé devant le Parlement.

Parmi eux figurent l'ex-ministre mozambicain des Finances Manuel Chang, arrêté en Afrique du Sud fin 2018.

Le Mozambique a demandé l'extradition de M. Chang, ainsi que la justice américaine.

Mme Buchili a déploré le manque de coopération de certains pays dont les Etats-Unis qui "ne répond pas à nos requêtes et retarde nos investigations".

"Cette enquête prend du temps car nous sommes confrontés à un réseau criminel international qui implique des entreprises et des institutions financières étrangères qui relèvent d'autres juridictions", a-t-elle déclaré.

La date du procès n'a pas encore été fixée.