C'est un petit homme à la fine barbe et aux tempes grisonnantes, une simple croix de métal autour du cou, qui raconte son histoire incroyable, avec précision mais en toute modestie.
Né en 1955 en Erythrée, il a fui à l'âge de 16 ans son pays en guerre, déjà soumis à une dictature féroce, pour rejoindre son père en Italie. Mais ce dernier était déjà reparti au Nigeria.
"J'étais seul, un de ces mineurs non accompagnés qu'on rencontre aujourd'hui dans les rues de Rome", raconte-t-il à l'AFP.
Un temps sans-abri, vivant de petits boulots, il rencontre un prêtre italien engagé dans l'aide aux migrants et qu'il aide dans les traductions. A ses côtés, il renoue avec une vocation contrariée par son père quand il avait 14 ans et entre au séminaire en 2000, à l'âge de 45 ans.
En 2003, il accompagne comme traducteur un journaliste italien dans les geôles où des migrants africains sont détenus et maltraités par le régime de Mouammar Kadhafi.
"Quand ils ont compris que je m'intéressais à eux, ils ont écrit mon numéro de téléphone sur un mur, et, en-dessous : 'Pour chaque urgence, composez ce numéro' ", rapporte-t-il. "Le tamtam" et le bouche à oreille ont fait le reste.
Une nuit de mai 2003, il reçoit un appel de détresse depuis une embarcation en difficulté en Méditerranée. Il est 3 heures du matin, il croit à une plaisanterie. Mais c'est bien une urgence, et il contacte les garde-côtes italiens.
Depuis, il a reçu des milliers d'appels similaires, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Il s'interrompt toujours pour répondre, y compris en pleine messe, même si le réseau "Watch the Med" a pris en partie le relais.
Avec AFP