Une ONG appelle le monde à agir après l'internement d'un musulman en Chine

Démonstration de force des autorités dans le centre de Kachgar, Xinjiang , Chine, le 5 novembre 2017.

Une organisation de défense des droits de l'homme a appelé lundi la communauté internationale à des "actes" contre la Chine, qu'elle accuse d'interner arbitrairement des citoyens musulmans dans des "centres de rééducation", sous couvert d'antiterrorisme.

Dans un rapport présenté comme fondé sur des témoignages d'ex-détenus, l'association américaine Human Rights Watch (HRW) dépeint la situation au Xinjiang (nord-ouest). Cette région chinoise frontalière de l'Afghanistan et du Pakistan est confrontée à une forte instabilité.

Des attentats imputés par la Chine à des "séparatistes" ou des "terroristes" islamistes ont fait des centaines de morts ces dernières années dans le pays. La situation a conduit le gouvernement à durcir de façon draconienne l'encadrement des pratiques religieuses et les contrôles policiers dans la région.

Pékin est accusé par des organisations de défense des droits de l'homme d'y avoir ouvert des "centres de rééducation" pour les personnes soupçonnées d'intentions hostiles. La plupart seraient des Ouïghours ou des Kazakhs, les principales ethnies musulmanes du Xinjiang.

"(Les détenus) sont obligés de suivre des cours de chinois et de chanter les louanges du Parti communiste chinois (au pouvoir)", affirme HRW.

La Chine a été accusée en août, devant un comité des droits de l'homme de l'ONU à Genève, de détenir ou d'avoir détenu un million de personnes dans ces centres. L'AFP n'est pas en mesure de confirmer ce chiffre.

"Ils m'ont interrogé pendant quatre jours et quatre nuits. Je n'étais pas autorisé à dormir. J'étais attaché à une chaise en fer", raconte dans le rapport un homme identifié par son seul prénom, Ehmet.

Un autre détenu, du nom d'Erkin, explique avoir été placé à l'isolement après s'être rebellé. "C'était un puits de 1,8 mètre de profondeur et peut-être de 80 centimètres de large. C'était très étroit et il était impossible de bouger. Il faisait froid en hiver et ils me versaient de l'eau dessus."

"Le gouvernement chinois commet des violations des droits de l'homme au Xinjiang à une échelle jamais vue dans le pays depuis des décennies", assure Sophie Richardson, directrice Chine de l'organisation. "Face aux preuves accablantes de graves exactions au Xinjiang, les gouvernements étrangers doivent passer aux actes".

Les autorités du Xinjiang ont renforcé les restrictions face à ce qu'elles qualifient "d'extrémisme religieux". Elles interdisent notamment depuis 2017 le port du voile intégral. Et découragent l'observance du jeûne du ramadan par les fonctionnaires et les étudiants.

Avec AFP