Namibie et Zimbabwe ne pourront pas vendre leur stock d'ivoire

Des militants marchent sur le lieu de la Convention internationale sur le commerce d'espèces sauvages menacées (Cites) à Johannesburg, Afrique du sud, le 24 septembre 2016.

La Convention internationale sur le commerce d'espèces sauvages menacées (Cites) a interdit lundi à la Namibie et au Zimbabwe de vendre leur stock d'ivoire à l'étranger au nom de la protection des éléphants, à la satisfaction des ONG de défense de la faune.

Ces deux pays avaient demandé un feu vert à la Cites pour écouler leurs réserves d'ivoire confisqué ou provenant de pachydermes décédés de mort naturelle, avec l'objectif de financer ainsi leurs programmes de protection.

A l'issue de vifs débats, les délégués des 182 pays (plus l'Union européenne) membres de la Cites réunis jusqu'à mercredi à Johannesburg ont largement voté contre cette proposition controversée, dans un contexte de "braconnage sans précédent" des éléphants en Afrique.

Le nombre de pachydermes africains victimes des trafics s'est dramatiquement accru pour atteindre 110.000 spécimens massacrés au cours de la dernière décennie, selon l'Union internationale pour la protection de la nature (UICN).

Les populations d'éléphants été bien moins décimées en Namibie et au Zimbabwe que dans d'autres pays voisins, où elles se chiffrent à respectivement 22.711 et 84.512 têtes.

Le rejet de leur proposition a été rapidement saluée par des ONG, qui redoutaient une incitation au braconnage.

Le maintien de "l'interdiction existante du commerce international de l'ivoire est la bonne décision pour les éléphants", a réagi Ginette Hemley, à la tête de la délégation du Fonds mondial pour la protection de la faune sauvage (WWF).

"La population des éléphants d'Afrique connaît un rapide déclin en raison du braconnage", a-t-elle ajouté, "ouvrir le marché de l'ivoire aurait compliqué les efforts pour les conserver".

La proposition de la Namibie et du Zimbabwe "aurait pu ouvrir un véritable boulevard aux gangs criminels pour faire du blanchiment d'ivoire braconné (...) et aurait porté atteinte aux efforts visant à réduire la demande qui alimente le braconnage de masse", a estimé Mme Hemley.

La protection des éléphants, traqués par les trafiquants pour leurs défenses en ivoire comme le sont les rhinocéros pour la kératine de leurs cornes, constituait un des principaux enjeux des débats de la Cites.

Vifs débats

Le commerce international de l'ivoire est officiellement interdit depuis 1989.

En 1997 et 2000 toutefois, le niveau de protection dont bénéficiaient les populations d'éléphants du Botswana, de Namibie, d'Afrique du Sud et du Zimbabwe au sein de la Cites a été abaissé. Ces populations avaient été incluses dans une annexe II qui, sous condition d'autorisation spéciale, permettait la vente des stocks d'ivoire amassés dans ces pays, comme ce fut le cas en 1999 et 2008.

Mais de nombreux Etats et des ONG de défense de la faune exigent le retour de toutes les espèces d'éléphants dans l'annexe I de la Convention qui bannit toute possibilité de commerce. Jusque-là favorable au commerce encadré de l'ivoire, le Botswana s'est finalement rallié lundi à cette proposition. Un vote sur ce point précis devait avoir lieu lundi après-midi.

Dans les couloirs de la Cites, le combat entre partisans et adversaires d'un commerce sous contrôle de l'ivoire a pris un tour très politique.

La Namibie et le Zimbabwe, bien sûr, mais aussi l'Afrique du Sud, ont violemment dénoncé les ONG occidentales de défense des animaux, les accusant de "dicter" aux Africains la façon dont ils doivent gérer leurs ressources.

"La Cites devrait nous aider à réussir nos programmes de protection plutôt que de favoriser ces politiques et ces décisions impérialistes", s'était insurgée avant le vote de lundi la ministre zimbabwéenne de l'Environnement, Oppah Muchinguri.

"Nous avons des droits souverains et nous savons mieux que les autres ce qu'il faut faire de nos ressources naturelles et comment les utiliser", a-t-elle ajouté.

"S'il vous plait, laissez-nous tranquilles et ne venez pas nous dicter ce que nous devrions faire", avait renchéri Stephen Mwansa, numéro 2 du ministère zambien du Tourisme.

La Cites règlemente la protection de 5.600 espèces animales et 30.000 espèces de plantes.

Avec AFP