Naufrage de migrants aux Comores : arrestation du principal suspect

Un des cinq survivants du naufrage a raconté que les passeurs avaient coulé l'embarcation transportant une trentaine de personnes avant de prendre la fuite en hors-bord.

Un homme suspecté d'être à la tête des passeurs impliqués dans le naufrage du bateau de migrants qui a fait au moins 25 morts la semaine dernière entre les Comores et l'île française de Mayotte a été arrêté, a annoncé vendredi la gendarmerie comorienne.

"Le chef du réseau de passeurs, propriétaire du bateau qui a chaviré, a été arrêté jeudi à Anjouan", l'île comorienne la plus proche de Mayotte, a déclaré à l'AFP le colonel Ahmed Tachfine. Le suspect "a reconnu être le propriétaire du bateau et avoir acheté tout le matériel nécessaire au voyage", a ajouté le colonel de gendarmerie précisant qu'il s'agissait d'un Comorien de 37 ans et résident de Mayotte.

Lire aussi : Naufrage au large des Comores: des trafiquants auraient coulé le bateau

Un des cinq survivants du naufrage, survenu le 1er novembre, a raconté à l'AFP que les passeurs avaient coulé l'embarcation transportant une trentaine de personnes avant de prendre la fuite en hors-bord. L'homme arrêté risque jusqu'à 10 ans de prison pour appartenance à un groupe criminel organisé ainsi que trois ans pour transport illégal de passagers, sans compter de possibles poursuites pour homicides, selon le code pénal comorien.

"Les deux passeurs qui ont été transbordés sur un autre bateau sont désormais identifiés et activement recherchés", a ajouté le gendarme. Au moins 25 personnes sont mortes dans ce naufrage selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) mais la gendarmerie comorienne n'en a décompté que 17, a-t-elle précisé.

Le survivant du naufrage, interviewé par l'AFP, est un jeune Comorien de 19 ans qui voulait retourner à Mayotte où il a vécu six ans avant d'en être expulsé en mai. Il avait expliqué ne devoir sa vie sauve qu'à sa maîtrise de la nage et au secours de pêcheurs, le lendemain.

Deux autres naufrages meurtriers de "kwassa kwassa", nom des pirogues comoriennes, ont eu lieu ces trois derniers mois dans la même zone, où seuls 70 kilomètres séparent Anjouan et Mayotte. Le bras de mer qui sépare est une route migratoire particulièrement meurtrière. Un an après l'incorporation de Mayotte parmi les départements français en 2011, un rapport sénatorial estimait entre 7.000 et 12.000 le nombre de personnes mortes ou disparues dans une tentative de traversée sur la période de 1995 à 2012.

Lire aussi : Enquête close sans réponses sur la mort en détention de l'agresseur du président comorien