Netanyahu dénonce un coup d'Etat après son inculpation

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Jérusalem, le dimanche 17 novembre 2019. (Gali Tibbon / Pool via AP)

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dénoncé jeudi un "coup d'Etat" et a promis de ne pas démissionner après son inculpation pour corruption, fraude et abus de confiance.

Cette mise en examen annoncée par le procureur général Avichai Mandelblit est sans précédent pour un chef de gouvernement israélien en exercice. Il s'agit en outre d'une crise inédite pour le chef de file du Likoud, qui est au pouvoir sans discontinuer depuis 2009.

Rien ne le contraint à quitter ses fonctions, mais ses ennuis judiciaires viennent assombrir un avenir politique déjà incertain, faute de majorité après les législatives d'avril et de septembre, alors qu'un troisième scrutin en moins d'un an se profile à brève échéance.

"Il s'agit d'une tentative de coup d'Etat fondée sur des éléments fabriqués et d'un processus d'investigation corrompu et partial", s'est-il indigné dans une allocution télévisée.

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"Je continuerai à diriger le pays, conformément à la lettre de la loi, avec responsabilité, dévouement et préoccupation pour notre avenir à tous", a poursuivi le Premier ministre.

Les enquêteurs "ne cherchent pas la vérité, mais à me nuire (...) Ce que je vis n'est pas facile. Je suis aussi un être humain. Ce que ma famille traverse est insupportable. Tous les jours, tous les soirs, mon sang et celui de ma femme et de mon fils sont versés", a-t-il ajouté.

"Il n'y a pas de coup d'Etat en Israël, juste une tentative de s'accrocher au pouvoir", lui rétorque sur Twitter Benny Gantz, son principal adversaire, qui dirige le parti centriste Bleu et blanc.

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Le chef du gouvernement et son épouse Sara sont soupçonnés d'avoir accepté pour 265.000 dollars de cadeaux de la part du producteur hollywoodien Arnon Milchan et du magnat australien James Packer.

VERS UN RETOUR AUX URNES

Benjamin Netanyahu est également soupçonné d'avoir tenté d'obtenir une couverture plus clémente de la part du Yedioth Ahronoth en proposant au propriétaire du plus grand journal israélien de faire adopter une loi défavorable à un titre concurrent. Il aurait agi de même avec la compagnie Bezeq Telecom Israel, lui accordant des privilèges en échange d'une couverture plus favorable de la part d'un site d'information contrôlé par l'entreprise de télécoms.

Il est passible de dix ans de prison pour le chef de corruption et trois ans pour chacun de ceux de fraude et d'abus de confiance, mais son procès n'aura vraisemblablement pas lieu avant plusieurs mois en raison de la crise politique. Il peut en outre tenter d'obtenir l'immunité parlementaire.

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Ayant perdu l'appui de l'ultranationaliste Avigdor Lieberman, Benjamin Netanyahu n'a pas été en mesure reconduire sa coalition de droite et d'extrême droite après les élections du 9 avril et du 17 septembre.

Benny Gantz n'est pas parvenu lui non plus à trouver une majorité parlementaire au centre et à gauche.

Le président Reuven Rivlin a invité jeudi les parlementaires à désigner un nouveau candidat. "C'est une période sombre et âpre dans les annales de l'Etat d'Israël", a-t-il dit après avoir officialisé l'échec de Benny Gantz.

Les 120 députés de la Knesset disposent à présent d'un délai de 21 jours au cours duquel ils peuvent désigner le candidat de leur choix parmi leurs pairs. A défaut, de nouvelles élections législatives seront automatiquement organisées dans les 90 jours.

"Dans les 21 jours à venir, il n'y aura plus ni bloc, ni parti", a précisé le président Rivlin. "Chacun d'entre vous devra sonder sa conscience et répondre à une seule question: quel est mon devoir envers l'Etat d'Israël ?"

Etant donné l'émiettement des forces politiques représentées à la Knesset, il semble peu probable que les Israéliens puissent faire l'économie d'un retour aux urnes.

Avec Reuters