Neymar, ambassadeur de luxe de la Ligue 1 au Brésil

Le Brésilien Neymar embrasse le trophée de la Coupe des confédérations à Rio de Janeiro, le 30 juin 2013.

Les débuts époustouflants de Neymar sous le maillot du PSG sont loin d'être passés inaperçus au Brésil, où les moindres faits et gestes du crack sont scrutés, donnant au passage un joli coup de projecteur sur le championnat de France.

Si Zlatan Ibrahimovic se targuait d'avoir "placé la France sur la carte mondiale du foot", en moins d'un mois, le Brésilien a totalement changé la façon dont la Ligue 1 est vue dans son pays.

"Avant, on ne parlait pratiquement pas du championnat français. L'impact de son arrivée au PSG est tout simplement gigantesque", analyse Erich Beting, consultant en marketing sportif.

Lundi, au lendemain de la prestation magistrale de la recrue parisienne contre Toulouse (6-2), le très sérieux journal O Globo lui consacrait sa une, avec pour titre "Monsieur Neymar" -- en français dans le texte.

"Il a coûté 222 millions d'euros, le monde entier parle de lui donc c'est normal qu'il ait une telle présence médiatique dans le pays où il est né", explique Ledio Carmona, qui a commenté les deux premiers matches de l'attaquant en Ligue 1 au micro de la chaîne câblée SporTV.

Le hasard a fait que ces rencontres ont eu lieu à 16h00, heure brésilienne, créneau phare des retransmissions du championnat brésilien pour la toute puissante TV Globo.

Selon Eduardo Ohata, un des principaux observateurs des médias sportifs du Brésil, la première chaîne du pays a failli bouleverser ses habitudes en montrant les grands débuts de Neymar contre Guingamp à la place des joutes locales le 13 août.

La tradition a finalement été respectée mais quelque peu mise à mal par de nombreuses interruptions du direct par des flashes venus de Bretagne.

Les téléspectateurs ont même eu droit au premier tir de Neymar, de quoi susciter des critiques de la part des défenseurs du football local.

Audiences dopées

"Certaines personnes pensent qu'on en fait trop mais nous avons très peu d'idoles qui évoluent au Brésil", justifie Ledio Carmona.

"Quand on a un joueur qui brille comme ça à l'étranger, il faut le montrer. C'est un des trois meilleurs joueurs au monde", insiste-t-il.

Sa chaîne, SporTV, ne regrette pas d'avoir misé sur la Ligue 1, un championnat auparavant peu prisé.

Lors des deux premiers matches du PSG, elle est arrivée en tête des audiences de toute la télévision payante au Brésil.

Sa concurrente, ESPN, qui va aussi montrer toutes les rencontres du club parisien en Ligue 1 cette saison, est arrivée en deuxième position parmi les chaînes de sport.

En ce début de saison, le championnat de France représente 15% de l'audience d'ESPN en termes de football étranger, contre 2% au même moment l'année dernière. Grâce à l'effet Neymar.

C'est même le championnat européen le plus suivi par le public féminin sur cette chaîne, détrônant la Liga espagnole.

Les Brésiliens sont aussi friands d'informations sur la façon dont les médias français parlent de la star de la Seleçao, avec notamment des vidéos de ses buts assortis des commentaires en "version originale" sous-titrée.

Le Blog "C'est le foot" (en français dans le texte), publié sur le site de SporTV, s'est même ému que le joueur n'ait reçu "que" neuf sur dix et pas la note maximale du journal L'Équipe après avoir inscrit un doublé et délivré deux passes décisives contre Toulouse.

'Adaptation rapide'

Ce qui est sûr, c'est qu'en termes de performances, Neymar fait l'unanimité entre les commentateurs.

"Je crois qu'il a dépassé toutes les attentes, en s'adaptant très rapidement au style de jeu de son équipe et de la Ligue 1", analyse Ledio Carmona.

"J'avoue qu'au début, je pensais que Neymar avait fait un mauvais choix en quittant Barcelone mais vu ce qu'il a fait en moins d'un mois, avec un tel impact médiatique, je commence à me dire que j'avais tort", avoue-t-il.

Pour Erich Beting, le PSG est le principal gagnant dans cette histoire.

"Ils ont su jouer avec la fierté des Brésiliens, qui adorent voir leurs joueurs briller en Europe. C'est un des seuls clubs qui a vraiment ciblé notre marché et je crois que d'autres vont se mordre les doigts de ne pas en avoir fait autant."

Il cite notamment le clin d'oeil de l'équipementier du PSG après le transfert record: le lancement d'un maillot jaune, comme celui du Brésil.

Avec AFP