La tête basse, Cavani n'avait visiblement pas le coeur à célébrer la victoire après la rencontre. L'Uruguayen, dont la tentative a été repoussée sur la barre, est ainsi vite rentré aux vestiaires, sans adresser un regard aux supporters ni se présenter ensuite face aux médias.
Avant l'ère Neymar et après l'empire "Zlatan", l'affaire était entendue: "Edi", le buteur attitré, tirait tous les penalties pour soigner ses statistiques. Sauf que l'arrivée de l'ex-Barcelonais pour le montant record de 222 millions d'euros change la donne.
Le Brésilien est venu pour faire grandir le PSG, mais aussi pour décrocher le Ballon d'Or, ce qui passe par un maximum de buts sous ses nouvelles couleurs.
Résultat, quand Kylian Mbappé a obtenu un penalty à la 78e minute, Neymar est venu réclamer le ballon dont s'était emparé Cavani.
L'Uruguayen a refusé, puis - peut-être un peu perturbé par l'épisode - a échoué. Une dispute qui ressemble à l'ordinaire d'un club de Ligue 1, mais qui prend bien sûr un relief tout particulier à l'échelle du PSG et son trio de vedettes Mbappé-Cavani-Neymar.
D'autant que Neymar avait déjà approché Cavani lors de deux précédents penalties, contre Saint-Etienne (3-0 fin août) et le Celtic mardi en Ligue des champions (5-0).
Dimanche, une première querelle entre Sud-Américains avait eu lieu quelques minutes plus tôt. A la 57e, sur un coup franc obtenu par Paris, l'autre star brésilienne du club, Dani Alves, a empêché Cavani de tenter sa chance pour confier le ballon à son compatriote Neymar.
Il y a donc bel et bien une bataille d'ego qu'Unai Emery va vite devoir calmer. En conférence de presse, l'entraîneur parisien est resté prudent, sans véritablement éclaircir les choses. "Il faut un +gentlemen's agreement+ sur le terrain pour frapper les penalties. Après, on va s'arranger en interne pour les penalties qui arrivent, parce que je crois que les deux sont capables de les tirer, et je veux que les deux alternent pour frapper les penalties".
"Entre attaquants, c'est normal", a aussi relativisé Adrien Rabiot, qui a laissé entendre que les consignes d'origine étaient de laisser les penalties à Cavani. "Après c'est des hommes, c'est à eux de s'arranger. Ils peuvent aussi alterner, je pense que ce serait pas mal, mais c'est à eux de s'arranger", a-t-il conclu.
Quant à Presnel Kimpembe, il a contourné le problème par une petite pirouette: "celui qui tire, il tire".
Cavani, arrivé en 2013, a pour lui l'antériorité au club et ses statistiques ébouriffantes la saison dernière: 49 buts toutes compétitions confondues en cinquante matches.
Avec l'été spectaculaire du PSG sur le marché des transferts, l'Uruguayen s'est pourtant retrouvé dans l'ombre. Il y a eu les 222 millions d'euros pour Neymar, les 180 millions d'euros (bonus compris) pour Mbappé, sous la forme d'un prêt d'un an avec option d'achat, bien loin des 64 millions dépensés pour transférer Cavani de Naples à Paris.
L'arrivée de nouvelles stars au PSG réveille des souvenirs pas très heureux pour l'avant-centre, ceux de l'époque Zlatan Ibrahimovic, quand il se retrouvait obligé de jouer sur le côté, au service du géant suédois.
Après le départ de Zlatan, Cavani avait immédiatement récupéré le poste d'attaquant de pointe et définitivement balayé les critiques sur ses maladresses techniques en empilant les buts.
Maintenant que Neymar est là, les petites rancoeurs et les reproches insidieux affleurent, au risque de fragiliser un clinquant acronyme: MCN pour la triplette offensive parisienne Mbappé-Cavani-Neymar.
Avec AFP