Une négociation a été engagée le 27 février dernier pour tenter de trouver une issue politique à la crise qui a fait plus de 325 morts et a plongé le Nicaragua dans la récession.
Les six délégués de la plateforme d'opposition de l'Alliance civique pour la justice et la démocratie (ACJD), réunissant entreprises, société civile, paysans et étudiants, ont suspendu leur participation.
Pour retourner à la table des pourparlers, l'ACJD réclame des "preuves indiscutables" de la volonté du gouvernement de négocier: libération inconditionnelle des centaines de prisonniers politiques, arrêt de la répression contre les opposants et rétablissement des libertés de la presse et de manifestation.
Lire aussi : Nicaragua: gouvernement et opposition s'engagent dans des négociations contre la montreDe son côté, le gouvernement, confronté à une économie en déroute, sous pression internationale, menacé par les sanctions économiques et craignant de perdre son allié vénézuélien, tente de sauver les négociations. Il a proposé samedi de libérer des prisonniers politiques, tout en réitérant son refus d'élections anticipées.
Mais la libération - en fait l'assignation à domicile - d'une centaine de prisonniers politiques au premier jour des pourparlers n'a pas satisfait l'opposition. Plus de 600 opposants sont toujours derrière les barreaux et le régime n'envisage de libérer que ceux "qui n'ont pas encore été jugés" et de seulement "réexaminer" les dossiers des condamnés.
La libération des prisonniers est une condition indispensable et les procès "devraient être annulés", a déclaré à l'AFP le chef de la délégation de l'opposition, Carlos Tünnerman.
Lire aussi : Dialogue au Nicaragua: accord sur une "feuille de route"Le chef de la délégation gouvernementale, le ministre des Affaires étrangères Denis Moncada, a réitéré la volonté du régime de poursuivre les discussions. Les six représentants du gouvernement se sont donc rendus lundi à la table de négociation, où ils n'ont trouvé pour seul interlocuteur que le nonce apostolique (ambassadeur du Vatican) à Managua, Mgr Waldemar Stanislaw Sommertag, présent en sa qualité de "témoin et accompagnateur international".
C'est dans ce contexte confus qu'est arrivé lundi à Managua le représentant de l'OEA, Luis Angel Rosadilla.
Pour l'ACJD, le représentant de l'OEA devrait se joindre aux négociateurs en tant que "témoin (...) sans préjuger que l'OEA puisse être ensuite garante des accords qui seraient conclus", selon M. Tünnerman.
La mission est venue "évaluer la manière dont se déroule le processus de négociation pour décider de son éventuelle participation au processus" en tant que garant international, a déclaré M. Tünnerman après une réunion avec M. Rosadilla dans un hôtel de Managua.
Une grave crise politique secoue le Nicaragua depuis près de onze mois. Outre les plus de 325 morts, pour la plupart dans les rangs des opposants, plus de 700 personnes ont été incarcérées depuis le déclenchement de la crise, le 18 avril 2018. Plus de 50.000 Nicaraguayens ont en outre pris le chemin de l'exil.
L'ancien guérillero Daniel Ortega, âgé de 73 ans, est au pouvoir depuis 2007. Il est accusé par ses opposants d'avoir mis en place avec son épouse et vice-présidente Rosario Murillo une dictature corrompue et népotique.
Avec AFP