Des groupes djihadistes veulent s'implanter dans l'ouest au Niger

La police militaire assure la sécurité au centre de Niamey, Niger, 20 février 2010.

Assassinats, rapts, extorsion, prêches, destruction d'écoles: des groupes djihadistes venus du Mali et du Burkina Faso tentent d'étendre leur influence dans l'ouest du Niger, où l'armée s'est massivement déployée depuis une dizaine de jours.

Placée sous état d'urgence depuis 2017, la région de Tillabéri, située dans la zone enclavée du Litpako Gourma, à cheval sur les frontières du Niger, du Burkina et du Mali, subit les incursions meurtrières de groupes armés.

Le Niger n'abritait pas jusqu'à présent de bases arrière de groupes djihadistes, mais le secteur dit des "trois frontières", déjà "théâtre d'attaques, d'assassinats ciblés et d'enlèvements fréquents" est "en passe de devenir un sanctuaire de groupes terroristes et criminels", a alerté fin octobre le général Ahmed Mohamed, patron des armées du Niger lors d'une réunion à Niamey du G5-Sahel.

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Le G5-Sahel, qui regroupe le Burkina Faso, le Mali, le Niger, la Mauritanie et le Tchad est une alliance dotée d'une force militaire commune pour lutter contre les groupes islamistes.

"Depuis deux mois, nous vivons un phénomène nouveau: des groupes lourdement armés circulent à moto pour terroriser les gens et prélever la zakat", s'inquiète Soumana Hassane, un député de Tillabéri. La zakat est l'aumône légale, troisième pilier de l'islam.

Des villages ont versé entre 700.000 francs CFA (1.000 euros) et 900.000 FCFA (plus de 1.300 euros) au titre de la zakat. "Si vous refusez de payer, ils vous tuent", affirme l'élu. "Ces bandits obligent les villageois à écouter leurs prêches et vont brûler les écoles après", s'indigne-t-il.

"Ils comptent les têtes de votre bétail et prélèvent de gré ou de force la zakat en fonction du nombre", a témoigné sur une télévision locale un élu d'Inates, une commune nigérienne proche du Mali.

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Opérations militaires en cours

"Apparemment ces groupes armés veulent s'installer définitivement dans la zone", estime Amadou Bounty Diallo, ex-militaire et ressortissant de Tillabéri.

"La nuit ils implantent le fanion noir (drapeau du djihad) dans les villages isolés et ils font l'exégèse" du Coran, soit un prêche public obligatoire, en menaçant de s'en prendre aux enseignants et aux forces de sécurité, a indiqué M. Diallo citant des témoignages d'autochtones.

Interpellé samedi dernier au Parlement, le ministre nigérien de l'Intérieur Mohamed Bazoum a déclaré que deux opérations militaires étaient en cours depuis une dizaine de jours pour juguler l'insécurité qui a atteint "son paroxysme il y a deux semaines".

Dans le nord de Tillabéri, "des forces importantes" ont été déployées dans le cadre d'une opération militaire dénommée "Dongo" (la foudre en songhaï), et elles ont chassé "des terroristes" venus de Menaka (Mali) et qui collectaient la zakat, a affirmé le ministre.

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Dans le sud-ouest, un état-major tactique spécial a investi une petite forêt de la préfecture de Torodi, le long de la frontière avec le Burkina Faso et "tous les camps (des groupes armés) qui s'y trouvaient sont en train d'être nettoyés". Les soldats progressent pour investir une autre grande forêt, a-t-il détaillé.

Le ministre a précisé à l'AFP que les groupes qui écument la zone très boisée de Torodi "ont la même filiation idéologique" que les groupes actifs dans le nord du Burkina Faso, notamment Ansarul Islam créé par un prêcheur local, Ibrahim Dicko, qui était proche du prédicateur malien Hamadoun Koufa, le fondateur de la Katiba Macina, un groupe djihadiste.

La situation sécuritaire s'est considérablement dégradée depuis trois ans au Burkina Faso, notamment dans ses régions nord et est, infiltrée par des groupes islamistes. Le Mali connaît une instabilité chronique depuis 2012, avec la présence de nombreux groupes djihadistes.

Avec AFP