Lundi pourrait être une journée différente pour les Nigérians qui souhaitent voyager par avion d'une ville du pays à une autre. Et pour cause : les compagnies aériennes, touchées de plein fouet par la flambée des prix du carburant, menacent de ne plus assurer de vols intérieurs.
Selon les gérants de ces compagnies, le prix du kérosène est passé de 190 à 700 nairas le litre, soit de 0,45 dollar à près de 1,70 dollar. Une hausse vertigineuse qui est principalement due au conflit en Ukraine, qui a débuté en février.
En effet, le prix du carburant a grimpé en flèche à travers le monde depuis que la Russie a envahi son voisin, ce qui a déclenché une vague de sanctions de l'Occident contre Moscou, un important exportateur de pétrole et de gaz.
"Nos organisations syndicales soutiennent les opérateurs de compagnies aériennes. Nous demandons au gouvernement fédéral de rapidement mettre les pendules à l’heure pour sauver notre industrie", s'alarme Ocheme Abba, secrétaire général adjoint de l’Union des compagnies aériennes du Nigeria.
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Le paradoxe d'un pays qui importe et exporte à la fois
Dans les aéroports, les annulations et retards de vols sont devenus monnaie courante depuis mars en raison d'une pénurie de kérosène. Comble du paradoxe: avec 1,4 million de barils de brut par jour, le Nigeria est le premier producteur de pétrole brut en Afrique. Mais le pays a une faible capacité de raffinage et dépend presque entièrement des importations pour combler ses propres besoins en carburant, ce qui rend le marché local vulnérable aux perturbations.
A cela s'ajoute un tout autre problème: les prix des billets d'avion ont triplé sur certaines lignes nationales ces dernières semaines. Selon les propriétaires des compagnies aériennes, les passagers au Nigeria paient leurs tarifs en naira, la monnaie nationale, mais les fournisseurs de carburant doivent être payés en dollars américains, ce qui cause un manque à gagner.
"Tout ce dont nous avons besoin pour nos opérations provient de l’extérieur. Nous sommes obligés de nous procurer des dollars dans un contexte où il est difficile d’obtenir des devises. Si rien n’est fait aussi vite que possible, des compagnies pourraient fermées", explique Allen Onyema, PDG de la compagnie Air Peace Nigeria et vice-président du syndicat des opérateurs des compagnies aériennes.
Les élus saisis
En mars, les propriétaires de compagnies aériennes étaient devant les députés pour leur expliquer les difficultés qu’éprouvent leurs entreprises.
"Nous courons le risque de mettre en danger notre propre sécurité. Chacun de nous ici empreinte un vol pour voyager. Nous tous. Si vous demandez à quelqu’un de voyager à Maiduguri par la route, il n’ira pas. Donc pourquoi compromettre notre sécurité ?", s'interroge Kashim Shettima, l’un des propriétaires présents à cette rencontre avec les élus.
Un danger confirmé par le directeur général de l’Autorité de l’aviation civile, Musa Nuhu, qui était aussi au Parlement fédéral pour faire le point de la situation.
"Avec les prix actuels des billets d’avion, les compagnies ne vont pas survivre", tranche-t-il.
Depuis, la situation n’a pas changé et les opérateurs des compagnies aériennes insistent qu’ils vont suspendre leurs activités malgré les appels de dernière minute. Pour l'heure, la suspension des vols n’affecte pas les lignes internationales, pour lesquelles les transactions se font en devises étrangères.
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