Nigeria : l'Iran proteste après les violences de l'armée contre des chiites à Zaria

Zaria, Nigeria

L'armée avait donné l'assaut samedi et dimanche à Zaria contre les militants du Mouvement islamique du Nigeria (chiite et pro-iranien), les accusant d'avoir "tenté d'assassiner" le chef d'état-major des armées nigérian.

L'Iran a officiellement protesté auprès du Nigeria après l'assaut donné dans ce pays par l'armée contre des chiites à Zaria (nord), a rapporté mardi 15 décembre l'agence officielle Irna.

L'Iran, grande puissance chiite, apporte généralement son soutien aux minorités chiites à travers le monde.

Le chargé d'affaires du Nigeria a ainsi été convoqué lundi à Téhéran au ministère des Affaires étrangères qui a exigé des autorités nigérianes qu'elles fassent "immédiatement la lumière" sur les violences à Zaria, "soignent les blessés et compensent (les victimes) des dégâts" matériels, selon Irna.

L'agence rapporte en outre que le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a téléphoné à son homologue nigérian, Geoffrey Onyeama, pour lui demander que son gouvernement "agisse immédiatement et sérieusement pour éviter la violence" contre les chiites du Nigeria.

L'armée a donné l'assaut samedi et dimanche à Zaria contre les militants du Mouvement islamique du Nigeria (MIN, chiite et pro-iranien), les accusant d'avoir "tenté d'assassiner" le chef d'état-major des armées nigérian.

Le chef du MIN "dans un état critique"

L'armée a attaqué et détruit une mosquée et la maison du chef du MIN, le cheikh Ibrahim Zakzaky, qui était défendue par des centaines de militants accourus pour la protéger.

Mais le chef du MIN a été gravement blessé lors de l'assaut et se trouvait lundi "dans un état critique", selon le médecin qui le soigne à Kaduna (nord du Nigeria). Son épouse et l'un de ses fils ont été tués, ainsi que le numéro 2 du mouvement, Muhammad Turi, selon le porte-parole du MIN.

L'assaut de l'armée aurait fait de nombreuses victimes, mais aucun bilan précis n'a été donné, l'armée ayant seulement fait état dimanche de "pertes humaines".

Les relations entre les autorités nigérianes et le MIN, qui milite pour l'instauration d'une République islamique à l'iranienne, sont tendues depuis longtemps et le cheikh Zakzaky a déjà été emprisonné plusieurs fois.

Le nord du Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, est majoritairement musulman sunnite. Les chiites n'y forment qu'une petite minorité qui sont également la cible d'attaques du groupe islamiste sunnite Boko Haram.

Avec AFP