Nigeria: l'ancien patron de la sécurité accusé d'infractions militaires

L’ancien conseiller à la sécurité nationale du Nigeria Sambo Dasuki, centre, s’apprêtant à se présenter à une audience pour répondre à des accusations de possession illégale d'armes, à la Haute cour fédérale d'Abuja, au Nigeria, le lundi 14 décembre 2015.

L'ancien conseiller à la sécurité nationale du Nigeria est maintenu en garde à vue pour des infractions qu'il aurait commises il y a plus de vingt ans quand il était officier militaire, a déclaré jeudi un procureur.

Sambo Dasuki est déjà visé par trois procès dans le cadre d'un scandale de détournement de fonds initialement destinés à la lutte contre le groupe islamiste Boko Haram, portant sur deux milliards de dollars.

En tout, 55 personnes sont accusées d'avoir siphonné plus de six milliards de dollars dans les caisses de l'Etat nigérian entre 2006 et 2013.

Alors qu'il devait être libéré sous caution en décembre, M. Dasuki est maintenu en détention par les service de renseignements (DSS), sans pouvoir voir son avocat.

Le procureur Rotimi Jacobs a expliqué au tribunal d'Abuja qu'il avait été arrêté de nouveau mais cette fois parce que le gouvernement enquête sur une "violation présumée de la loi" quand il servait dans l'armée comme colonel, avant sa retraite en 1994.

Pour son avocat Joseph Daudu, M. Dasuki -- membre influent de l'administration du précédent président Goodluck Jonathan -- "n'a aucune chance d'avoir un procès équitable dans ces circonstances". Il a promis de saisir la Cour suprême si nécessaire.

Une rumeur circule sur le fait que M. Dasuki aurait arrêté Muhammadu Buhari, l'actuel président, quand celui-ci avait été renversé par un coup d'Etat en 1985.

Pour Me Daudu, son client ne "confirmera ni n'infirmera cette rumeur", ajoutant toutefois qu'il n'y avait "pas d'amour perdu" entre les deux hommes.

Loin de la survivance de vieux griefs, la raison principale du maintien au secret de M. Dasuki serait plutôt que le gouvernement a du mal à constituer un dossier contre lui, estime l'analyste politique Chris Ngwodo.

"Le plus important pour eux est qu'il ne soit pas libre, alors ils ont recours à toutes sortes de tactiques jusqu'à ce qu'ils ficèlent le dossier", a dit M. Ngwodo.

AFP