L'armée de l'air nigériane a officiellement confirmé vendredi avoir effectué des bombardements dans l'Etat de Zamfara mais n'a pas donné de détails sur le nombre de personnes tuées.
Lire aussi : Le Nigeria rapatrie 310 ressortissants partis en pèlerinage en IsraëlLe nord-ouest et le centre du Nigeria sont depuis des années en proie aux violences des "bandits" qui font des incursions dans des villages isolés où ils tuent et enlèvent des habitants pour obtenir une rançon, et brûlent les maisons après les avoir pillées.
"Les avions de combat ont mené des frappes aériennes sur les bandits. Je suis sûr que plus d'une centaine ont été tués et près du double ont été gravement blessés", a déclaré à l'AFP un officier militaire impliqué dans l'opération.
Un autre responsable de l'armée a communiqué à l'AFP un bilan similaire: "Les cadavres, gravement brûlés, jonchaient les buissons. Ils étaient si nombreux que les bandits en ont abandonné beaucoup pour faire de la place pour l'évacuation des blessés", a-t-il avancé.
Ces deux responsables, qui parlaient sous le couvert de l'anonymat car non autorisés à parler de l'opération, ont précisé que c'est un renseignement "reçu à temps" qui a permis de localiser ces centaines de "bandits" à moto et de déployer les avions de combat au-dessus du district de Sangeko, autour du village de Dan Mani.
Selon eux, les bandits convergaient vers une zone à cheval entre les Etats de Zamfara, de Kebbi et de Niger, avec l'intention d'attaquer certains villages et une base militaire. Contacté par l'AFP, le porte-parole de l'armée de l'air nigériane, le commodore Edward Gabkwet, a confirmé les frappes. "Mais je ne peux pas vous confirmer les chiffres", a-t-il toutefois déclaré.
Alliances entre bandits et jihadistes
Il s'agit de la deuxième opération aérienne la plus meurtrière contre les "bandits" dans l'Etat de Zamfara depuis 2015, date à laquelle l'armée s'est déployée pour lutter contre ces gangs. Deux civils habitant près de la zone bombardée ont confirmé à l'AFP avoir vu plus d'une centaine de cadavres sur place.
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"Ils ont été bombardés par des avions de chasse et un grand nombre d'entre eux ont été tués", a déclaré Usman Tukur, estimant le nombre de personnes tuées à plus de cent. "Ceux ayant survécu ont été vus en train de fuir avec leurs camarades blessés à travers les villages de la région", a-t-il ajouté. Un autre habitant, Mustapha Sarki Kaya, a fait un récit similaire, affirmant que les habitants avaient également vu les bandits enterrer certains de leurs morts.
Les régions du nord-ouest et du centre du Nigeria sont régulièrement le théâtre de tensions et affrontements meurtriers autour de l'exploitation de la terre et des ressources en eau entre communautés, aggravés par la pression démographique et le changement climatique. L'enchaînement de meurtres suivis d'actes de représailles a donné naissance dans la région à une criminalité plus large avec des gangs qui mènent des expéditions ciblées dans des villages.
Ces bandits, dont certains sont de véritables seigneurs de guerre, multiplient leurs attaques malgré les opérations militaires sur la vaste forêt de Rugu, un de leurs repaires connus, à cheval sur les Etats de Zamfara, Kaduna, Katsina et Niger. Ils agissent pour la plupart pour des raisons financières, sans revendication idéologique a priori. Mais des alliances entre bandits et jihadistes se sont multipliées et suscitent de nombreuses inquiétudes.
Le président du Nigeria, Bola Tinubu, investi fin mai à la tête du pays le plus peuplé d'Afrique et de la première économie du continent, est confronté à de multiples défis en matière de sécurité. Il a promis de faire de la lutte contre l'insécurité "sa priorité absolue", comme l'avaient aussi promis ses prédecesseurs.
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