Procès contre l'opposant guinéen Oumar Sylla: verdict le 14 janvier

Les partisans du principal candidat de l'opposition, Cellou Dalein Diallo, se tiennent sur une camionnette lors d'un rassemblement électoral, à Conakry le 14 octobre 2020.

Le parquet guinéen a réclamé lundi un an de prison ferme contre Oumar Sylla, une figure de l'opposition à un troisième mandat du président Alpha Condé. Cette condamnation intervient dans un contexte de répression accrue de la contestation, selon les défenseurs des droits humains.

Oumar Sylla, alias Foniké Mangué, était jugé pour trouble à l'ordre public par un tribunal de la banlieue de Conakry alors que, selon Amnesty International et Human Rights Watch, les semaines précédant et suivant la présidentielle du 18 octobre ont vu l'arrestation de centaines de personnes.

Le jugement a été mis en délibéré au 14 janvier.

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Oumar Sylla est un cadre du Front national de défense de la Constitution, collectif qui a mobilisé pendant des mois contre la candidature de M. Condé à un nouveau mandat. La contestation, plusieurs fois durement réprimée, a fait des dizaines de morts.

M. Condé, 82 ans, a été proclamé vainqueur de la présidentielle, malgré les protestations de son principal adversaire criant à la fraude, et les remises en cause de la constitutionnalité de sa candidature.

"Mme la présidente, vous avez devant vous le roi des jeunes qui, le 29 septembre, est sorti à moto pour haranguer des milliers de jeunes", a dit le procureur Lansana Sangare devant le tribunal de Mafanco placé sous la surveillance de dizaines de policiers casqués portant matraque.

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"Mme (la présidente), je vous demande de bien juger, mais le seul juge reste Dieu et quant à moi je sais que je suis un éternel prisonnier d'Alpha Condé", a dit le prévenu dont les avocats ont plaidé non coupable.

Il avait déjà été arrêté mi-avril 2020, mais relaxé fin août par un tribunal des faits de diffusion de fausses informations.

"Les semaines après l'élection ont été marquées par les mesures répressives contre l'opposition politique", a commenté à l'AFP Ilaria Allegrozzi, chercheuse pour Human Rights Watch. Elle chiffre à "plus de 300" les membres de l'opposition ou sympathisants arrêtés.

Fabien Offner, chercheur pour Amnesty International, évoque une vague d'arrestations "inédite" mais difficilement quantifiable. Il cite le chiffre de 325 interpellations prononcé le 31 octobre par la cour d'appel, selon lui.

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Des opposants et des détenus arrêtés récemment ou il y a plusieurs mois en relation avec le contexte politique "sont morts en prison", a-t-il assuré.

"Après 52 ans de régimes autoritaires, l'élection d'Alpha Condé en 2010 était censée faire entrer la Guinée dans l'ère de la démocratie. Dix ans plus tard la situation est celle d'un président qui s'est maintenu au pouvoir au prix de dizaines de manifestants et de passants tués par les forces de défense et de sécurité en toute impunité, et de violations massives des libertés", a estimé le chercheur.

En novembre, le gouvernement reprochait à Amnesty et HRW de ne s'en prendre qu'à lui et ainsi d'encourager les violences commises par l'opposition.

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