Cette résolution est la première adoptée par le Conseil de sécurité depuis le lancement le 4 avril 2019 par le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est libyen, d'une offensive contre Tripoli où siège le gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par l'ONU.
Après l'adoption mercredi du texte appelant à la consolidation d'une trêve fragile décrétée le 12 janvier au sud de Tripoli, les combats ont néanmoins repris et une roquette a explosé dans le périmètre de l'aéroport de Mitiga, le seul fonctionnel de la capitale, provoquant une brève suspension des vols.
Lire aussi : L'ONU réclame "un cessez-le-feu durable" en LibyeDes roquettes sont tombées dans la région de Machrou Al-Hadhba, une banlieue de la capitale, selon des témoins. D'autres ont atterri dans des quartiers résidentiels au sud-est de Tripoli, tuant une femme et blessant quatre autres civils, selon le porte-parole du ministère de la Santé du GNA.
Interrogé par l'AFP, le porte-parole des forces du GNA, Moustafa al-Mejii, a confirmé des combats à Machrou Al-Hadhba et accusé les pro-Haftar d'avoir violé de nouveau la trêve. "Les milices de Haftar ont tenté d'avancer dans la région de Machrou al-Hadhba mais nos forces les ont repoussées."
- "Fuir la Libye" -
Depuis l'entrée en vigueur de cette trêve le 12 janvier, des combats sporadiques ont eu lieu quasi quotidiennement près de Tripoli et les armes continuent d'affluer en Libye.
Lire aussi : L'UA tente de peser dans le dossier libyenEn parallèle, les efforts pour une solution politique se poursuivent. Jeudi, le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio a rencontré le maréchal Haftar à Benghazi, au lendemain d'un entretien à Tripoli avec le chef du GNA, Fayez al-Sarraj, selon le service de presse du maréchal.
Son homologue grec, Nicos Dendias, s'est rendu lui à Alger pour discuter de la crise libyenne, à l'origine de tensions en Méditerranée orientale.
Aucune solution politique ne semble toutefois en vue, même si l'ONU compte organiser dans quelques semaines une réunion interlibyenne à Genève.
Depuis avril, les affrontements ont causé la mort de plus de 1.000 combattants et civils, tandis que plus de 140.000 civils ont été déplacés, selon l'ONU.
Et la situation pourrait, si elle se détériore, pousser la population à fuir le pays, a averti à Tunis le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Peter Maurer, qui vient d'effectuer un séjour en Libye.
"(...) Je n'exclus pas, si on n'arrive pas à stabiliser cette situation (sur les plans) politique et humain, que tout à coup il y ait des flux de population comme on en voit quand la population perd espoir d'un avenir dans leur pays", a-t-il déclaré à l'AFP.
- Chute de la production pétrolière -
De plus, dans un pays qui dispose des réserves de pétrole les plus abondantes d'Afrique, une nouvelle crise économique se profile avec la perte des revenus de pétrole.
La Compagnie nationale de pétrole (NOC) a déploré jeudi la chute de la production à 191.475 barils par jour contre plus de 1,2 million avant le blocage le 18 janvier des principaux sites pétroliers du pays par des groupes pro-Haftar. La NOC a estimé le manque à gagner à près de 1,4 milliard de dollars depuis ce blocage.
La résolution de l'ONU a réclamé, en vue d'une sortie de crise, la poursuite des négociations de la commission militaire conjointe GNA/pro-Haftar créée pour aboutir à un "cessez-le-feu permanent".
Réunie à Genève, cette commission s'est séparée la semaine dernière sans accord. L'ONU a proposé de reprendre les discussions le 18 février.
La résolution de l'ONU a en outre entériné les conclusions du sommet international sur la Libye, tenu le 19 janvier à Berlin et qui avait demandé l'arrêt de toute ingérence dans le conflit.
En dépit des engagements pris à Berlin et d'un embargo sur les armes imposé depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 après une révolte populaire, les armes continuent d'affluer en Libye, le patron de l'ONU Antonio Guterres dénonçant un "scandale".
Fin 2019, un rapport onusien a ciblé au sujet de ces violations les Emirats arabes unis, la Turquie et la Jordanie. Le maréchal Haftar est soutenu par la Russie, les Emirats, l'Egypte et la Jordanie. Le GNA bénéficie de l'appui turc.