Un énorme glissement de terrain a fait 85 disparus à Shenzhen, une ville industrieuse du sud de la Chine aux portes de Hong Kong, où les sauveteurs s'affairaient lundi pour tenter de dégager des survivants.
Quatre-vingt-cinq personnes étaient portées disparues, a indiqué l'agence officielle Chine nouvelle, révisant à la baisse un précédent bilan de 91 disparus. Selon l'agence, près de 3.000 personnes étaient mobilisées dans les opérations de secours.
D'autre part, quelque 900 personnes ont pu être évacuées saines et sauves et seize ont été hospitalisées, a ajouté l'agence soulignant que seules sept personnes ont pu jusqu'à présent être extraites des décombres.
La dernière catastrophe en date à frapper la Chine est survenue en fin de matinée dimanche. L'avalanche a enseveli une trentaine de bâtiments avant de provoquer une explosion de gaz.
Les témoins ont relaté avoir vu une masse de terre et de boue rougeâtre s'abattre sur cette zone industrielle de Shenzhen, une ville de plus de 10 millions d'habitants, frontalière de Hong Kong.
"J'ai vu des maisons qui se sont effondrées, toutes les fabriques ont été ensevelies", a déclaré à l'AFP Liu Youqiang, 45 ans.
Des secouristes qui se sont rapprochés lundi du premier étage d'un immeuble de bureaux enseveli sous la coulée de boue menaient une lutte contre la montre pour tenter de sauver d'éventuels survivants, a rapporté Chine nouvelle.
"Le secours est extrêmement difficile avec la boue et la vase", a expliqué le pompier Cui Bo cité par l'agence.
Lors d'une conférence de presse télévisée, le maire-adjoint de la ville, Liu Qinsheng, a évalué à 38 hectares --environ 60 terrains de football-- l'étendue recouverte par l'énorme masse de terre, haute d'une bonne dizaine de mètres de hauteur.
Erreur humaine ?
"C'est la première fois en Chine qu'on voit un glissement de terrain de cette ampleur", a déclaré à la télévision un expert de l'Académie chinoise des sciences ferroviaires.
Les causes de la catastrophe seraient d'origine humaine, suggérait le quotidien du ministère du Territoire et des Ressources, rapportant qu'une montagne de terre, issue de travaux de construction et détrempée par des pluies récentes, avait été accumulée illégalement.
La presse chinoise a évalué à une centaine de mètres la hauteur de cet amas entreposé.
Sur place, le site était étroitement bouclé par des dizaines de véhicules militaires de la police armée qui tenait à distance la presse, a constaté l'AFP.
Les journalistes chinois ont reçu pour consignes de s'en tenir strictement aux informations officielles, a-t-on indiqué de source chinoise informée.
Le glissement de terrain a aussi sectionné une conduite de gaz naturel et déclenché une explosion entendue jusqu'à quatre kilomètres, projetant des débris sur plus de dix hectares.
He Weiming, un travailleur migrant logé avec sa famille dans un baraquement provisoire, était sans nouvelle de 16 de ses amis et proches, dont ses parents, sa femme et ses deux enfants. Tous ses appels au téléphone sont restés sans réponse, a-t-il raconté, effondré, sur le site internet de Tencent.
"Quand mon frère et moi sommes sortis le matin pour aller ramasser les ordures, notre maison était encore debout. Mais quand nous sommes revenus...elle était ensevelie sous la boue, on ne pouvait même pas voir le toit, à quatre mètres de hauteur".
Une femme, identifiée par son seul nom de famille, Mme Hu, a raconté au "Shenzhen Evening News" avoir vu la terre ensevelir le camion où se trouvait son père.
"Cela fait des heures qu'il est enterré, nous sommes très inquiets", a-t-elle déclaré.
Série noire de catastrophes
L'accident est le dernier d'une série de catastrophes en tous genres qui ont frappé la Chine cette année.
Le réveillon du Nouvel an avait donné lieu le 31 décembre à une mortelle bousculade sur la célèbre promenade du Bund de Shanghai, dans laquelle 36 personnes avaient péri.
En juin, la Chine enregistrait son pire naufrage sur le fleuve Yangtsé, quand le bateau de croisière "Etoile de l'Orient" se retournait soudainement, faisant plus de 430 morts et une dizaine de disparus.
Beaucoup plus violente et spectaculaire, mais moins meurtrière, une série d'énormes explosions parties d'un entrepôt de produits chimiques ravageait le 12 août une zone du port de Tianjin (nord), faisant au moins 165 morts.
A côté de ces désastres qui avaient suscité une vive émotion dans le pays et la mobilisation des autorités, des dizaines d'accidents de mine, d'inondations et de glissements de terrain ont aussi fait des centaines de victimes.
Avec AFP