Nouvelle décision judiciaire la semaine prochaine sur le mandat d'arrêt contre Assange

Julian Assange, le fondateur de Wikileaks

La justice britannique a maintenu le mandat d'arrêt contre le fondateur de WikiLeaks Julian Assange, réfugié à l'ambassade d'Equateur à Londres mais se prononcera à nouveau le 13 février après une nouvelle question soulevée par la défense pour obtenir sa levée.

La juge Emma Arbuthnot, du tribunal londonien de Westminster, a estimé mardi que ce mandat d'arrêt était valide, ayant été délivré après que Julian Assange eut enfreint les conditions de sa liberté sous caution octroyée en marge d'accusations de viol en Suède, aujourd'hui abandonnées.

"Je ne suis pas convaincue que le mandat doive être levé", a-t-elle déclaré mardi dans une salle d'audience remplie de journalistes.

Mais la magistrate s'est aussi engagée à examiner une nouvelle demande introduite mardi par la défense : à savoir si le maintien de ce mandat était dans l'intérêt public. Elle rendra sa décision le 13 février.

Recherché par la justice suédoise pour des accusations de viol qu'il niait, l'Australien de 46 ans avait trouvé asile en juin 2012 à l'ambassade d'Equateur, un immeuble de briques rouges situé dans le quartier chic de Knightsbridge.

Le fondateur de WikiLeaks craignait, en cas d'arrestation, d'être ensuite extradé et jugé aux États-Unis pour la publication par WikiLeaks en 2010 de nombreux secrets militaires et documents diplomatiques américains.

Après moult rebondissements, le parquet suédois a fini par classer l'affaire en mai 2017. Pour ses avocats, le mandat d'arrêt britannique émis à son encontre avait donc "perdu son objectif et sa fonction".

Sa défense a également invoqué les problèmes de santé de Julian Assange qui, selon elle, n'a pas accès aux soins médicaux et souffre de problèmes aux dents, à l'épaule et de dépression.

A l'issue de l'audience, Jennifer Robinson, de l'équipe chargée de sa défense, a dit espérer que cette "situation intenable puisse se terminer".

Affirmant que son client avait la volonté de "coopérer" avec la justice britannique, elle a aussi dit que celui-ci voulait s'assurer qu'il ne serait pas extradé vers les Etats-Unis, où le gouvernement de Donald Trump a fait de son arrestation "une priorité".

Casse-tête

Dans l'espoir de trouver une solution au casse-tête judiciaro-diplomatique, Quito avait accordé en décembre la nationalité équatorienne à Julian Assange, demandant à Londres de lui reconnaître un statut diplomatique, ce qui lui aurait permis de quitter l'ambassade sans être arrêté par la police britannique.

Mais le Royaume-Uni a refusé de le lui accorder.

Au cours d'une première audience fin janvier, le parquet au Royaume-Uni maintenait que le mandat d'arrêt britannique était toujours valide car Julian Assange n'avait pas respecté les conditions de la liberté sous caution qui lui avait été octroyée.

Le procureur Aaron Watkins avait même qualifié d'"absurdes" les arguments présentés par ses avocats, la police britannique signifiant de son côté qu'elle l'interpellerait s'il s'aventurait hors de l'ambassade.

'Priorité' pour Washington

Le règlement du dossier est pressant pour le président équatorien Lenin Moreno, qui a reconnu que la présence de Julian Assange à l'ambassade constituait un "problème", hérité de son prédécesseur Rafael Correa, une grande figure de la gauche sud-américaine, qui avait nargué Washington en lui donnant l'asile.

Depuis 2012, l'Australien n'a fait que de rares apparitions publiques au balcon de l'ambassade, où il vit dans un petit appartement, avec un chat pour seule compagnie.

S'il était amené à quitter les lieux, il n'aurait plus forcément l'image de défenseur des libertés qu'il avait pu avoir au moment où il y avait trouvé refuge.

Désormais controversé, il a été récemment accusé d'être un valet de la Russie en raison de son influence sur l'élection du républicain Donald Trump à la Maison Blanche.

En juillet 2016, WikiLeaks avait rendu publics 20.000 courriels piratés du Parti démocrate, dont certains très préjudiciables à la campagne de Hillary Clinton. En octobre, un mois avant le scrutin, ce sont des milliers d'emails du président de l'équipe de campagne de la démocrate, John Podesta, qui avaient été diffusés par WikiLeaks, suscitant des éloges appuyés du candidat Donald Trump.

Face aux accusations, Julian Assange a nié que la Russie, ou tout autre État, eût été derrière ces fuites.

Avec AFP.