A Ouagadougou, circuler aux heures de pointe relève d’un véritable casse-tête chinois. Poids lourds, poids légers, mobylettes, bicyclettes, tricycles, charrettes et même parfois animaux, tous se retrouvent sur les mêmes voies.
Deux élèves ont été renversés il y a quelques semaines. "Si c’est elle-même qui doit circuler, je m’inquiète beaucoup", confie Fatimata Ouédraogo devant le Lycée Marien N'Gouabi, venue chercher son enfant à la sortie des classes.
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"Les gros camions n’ont pas de freins, ni rien. C’est grave. Nous les parents, nous ne sommes pas contents. Ils n’ont qu’à arranger leurs freins, ils n’ont qu’à donner une heure pour leur circulation... L’heure (de sortie) des élèves et de ces gros camions ne peuvent pas être les mêmes."
C’est le même sentiment que partage Abdoulaye Kaboré, enseignant et parent d’élèves : "Les autorités doivent prendre leurs responsabilités et essayer d’interdire aux camions de circuler aux heures les plus chargées. Et permettre aux élèves et aux autres usagers de circuler librement. C’est ce qu’il faut faire".
Et pourtant, depuis 1989, la loi interdit la circulation des poids lourds aux heures de pointe dans la ville. Les chauffeurs sont bien conscients de l’existence de cette disposition.
"Nous voyons vraiment l’enjeu des gros porteurs en ville", explique Brahima Rabo, président de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina.
"Un chauffeur doit se débrouiller pour arriver à sa destination. Il arrive souvent qu’avec la douane, nous ayons des problèmes. Qu’un chauffeur par exemple quitte Ouaga Inter (ndlr le corridor) même s’il stationne, il attend 23h et il part en ville, il ne peut même pas faire le déchargement dans la nuit. Il faut encore passer la nuit en ville pour décharger le matin et attendre en ville pour quitter encore la nuit".
Le maire de Ouagadougou estime qu’il faut réadapter les textes vieux de 30 ans. "Ces textes datent de 1989. De 89 à aujourd’hui la ville a évolué", souligne Armand Béouindé.
"Nous sommes en train de relire les textes qui encadrent la circulation à Ouagadougou" ajoute-t-il pour les modifier.
"Les chauffeurs ne sont pas responsables " s'enflamme Wendlassida Guirou, un élève.
"C'est vrai que nous ne respectons pas les feux tricolores mais nous sommes pressés surtout quand nous sommes en retard" explique-t-il.
Le maire appelle à plus de civisme. "On va réguler la circulation des camions dans la ville, mais cela seul ne suffit pas pour éviter les accidents. Il faut que nous les usagers, vous et moi, que chacun apprenne à respecter le code de la route", explique Armand Béouindé.
En attendant, l’indignation des populations suite aux accidents semble avoir porté ses fruits. Mercredi, le maire de Ouagadougou a signé un arrêté réglementant la circulation et le stationnement des véhicules poids lourds. La circulation de ces véhicules n’est désormais autorisée qu’entre 22 heures et 5 heures du matin sur un certain nombre d’axes routiers.