Vers 08h45 (07h45 GMT), le siège de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), premier parti de l'opposition à l'Assemblée nationale de la République démocratique du Congo (RDC), brûlait vivement, selon des journalistes de l'AFP.
Une journaliste de l'AFP a vu deux corps carbonisés, deux autres personnes en train de brûler vives et un homme grièvement blessé à la tête allongé à terre. Dans l'enceinte du bâtiment, situé dans le centre-ouest de Kinshasa, des bidons d'essence renversés témoignaient du caractère criminel de l'incendie.
"C'est un commando du camp du pouvoir" qui a attaqué le parti, a lancé à l'AFP Félix Tshisekedi, secrétaire national de l'UDPS, parti fondé par son père, le vieil opposant Étienne Tshisekedi.
"Est-ce qu'un Etat normal répond par des représailles ?", a interrogé Félix Tshisekedi en faisant référence aux incendies ayant dévasté la veille plusieurs bâtiments de partis de la majorité, avant d'ajouter: "nous avons affaire à un État voyou".
Selon M. Tshisekedi, cinq personnes ont péri mardi dans l'incendie du siège de l'UDPS. De son côté, une femme d'une quarantaine d'années en pleurs a déclaré à l'AFP que son mari avait "été tué dans les affrontements".
Deux autres sièges de partis ont également été incendiés pendant la nuit: celui des Forces novatrices pour l'union et la solidarité (Fonus) et celui du Mouvement lumumbiste progressiste (MLP).
Au siège des Fonus, un militant commis à la garde des lieux a affirmé à l'AFP que le feu avait été allumé aux bâtiments préalablement aspergés d'essence par des hommes armés, en tenue civile, arrivés en jeep.
Réuni autour d'Etienne Tshisekedi, un "Rassemblement" de l'opposition avait appelé lundi à manifester dans tout le pays pour exiger le départ du président Joseph Kabila au terme de son mandat le 20 décembre et l'organisation dans les temps de la présidentielle censée avoir lieu avant cette date.
Selon la Constitution, ce mardi est la date limite pour convier les électeurs aux urnes pour ce scrutin, qui apparaît aujourd'hui impossible à tenir dans les temps.
La loi fondamentale interdit à M. Kabila, au pouvoir depuis 2001, de se représenter, mais celui-ci ne donne aucun signe de vouloir quitter son poste.
Enquête onusienne
Présent mardi au siège de l'UDPS pour une "enquête" sur les violences, le chef du Bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l'Homme en RDC (BCNUDH), José-Maria Aranaz, a déclaré à l'AFP que son organisation cherchait à "voir ce qu'on peut faire pour avoir un climat apaisé, réduire la tension politique et amener ceux qui sont responsables (...) des morts (devant) la justice".
Lundi soir, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait exhorté toutes les parties "à s'abstenir de tout autre acte de violence susceptible d'aggraver la situation".
Mardi matin, les journalistes de l'AFP ont entendu à plusieurs reprises dans le lointain des détonations de tirs de grenades lacrymogènes et d'armes à feu.
Dans un message envoyé par email à la communauté belge vers 10h00 (09h00 GMT), l'ambassade de Belgique a Kinshasa a fait part d'"échauffourées" en cours "en divers endroits" des quartiers centre et sud de la capitale.
Des affrontements entre étudiants et forces de l'ordre ont également été signalés à Ngaba, dans le sud de la capitale.
L'opposition et le pouvoir se sont renvoyé la responsabilité des violences émaillées de pillages qui ont éclaté lundi dans la capitale et qui ont fait 50 morts selon le Rassemblement, 17 (3 policiers et 14 "pillards") selon les autorités.
Dans un message sur Twitter, Ida Sawyer, chercheuse de l'ONG Human Rights Watch (HRW) récemment expulsée du Congo, écrit que son organisation "a reçu des rapport crédibles que les forces de sécurité ont tué au moins 20 personnes" lundi à Kinshasa.
La brusque montée de tension dans la capitale congolaise survient alors que la majorité et certains représentants de l'opposition discutent dans le cadre d'un "dialogue national" rejeté par le "Rassemblement".
Ce forum doit fixer les moyens de sortir de la crise politique que traverse le pays depuis la réélection contestée de M. Kabila en 2011 et ouvrir la voie à des élections "apaisées" mais retardées.
Lundi, la Belgique, les États-Unis, la France et l'Union européenne ont appelé toutes les parties à calmer la situation et à s'entendre sur l'organisation rapide de la présidentielle, alors que le "Rassemblement" a appelé lundi à intensifier la mobilisation pour exiger le départ de Joseph Kabila.
Avec AFP