La venue de M. Obama, qui inaugurera dimanche la foire industrielle de Hanovre, où les entreprises américaines auront la part belle, et rencontrera la chancelière Angela Merkel, est censée donner une nouvelle impulsion aux négociations sur le plus grand accord commercial de ce type au monde, à un moment où elles sont mal engagées.
M. Obama a une nouvelle fois défendu le projet de traité dans une interview au quotidien allemand Bild. Cet accord de libre-échange "est un des meilleurs chemins pour promouvoir la croissance et créer de l'emploi", il va "renforcer le commerce et créer des emplois aux Etats-Unis et dans l'Union européenne", a-t-il déclaré.
"Nous ne manifestons pas contre Obama, mais contre le TTIP", acronyme de l'accord de libre-échange, également appelé Tafta, qui est en négociation entre l'Union européenne et les Etats-Unis, affirme une des personne ayant pris l'initiative de la manifestation, Christoph Bautz (ONG Campact).
L'opposition aux accords de libre-échange mobilise particulièrement en Allemagne: entre 150.000 et 250.000 personnes, selon les comptages, avaient défilé sur le sujet en octobre à Berlin.
Des dizaines de milliers de manifestants attendus
"Nous ne reculons pas sur nos normes, nous protégeons ce qui se fait aujourd'hui en Europe en matière d'environnement et de protection des consommateurs", a répondu dans un message vidéo diffusée par ses services Mme Merkel avant sa venue à Hanovre.
Ce traité "gagnant-gagnant" est une chance pour l'UE de "définir des normes d'envergure mondiale", selon elle. En cas d'accord avec les Etats-Unis, que Berlin espère officiellement encore d'ici à la fin de l'année, les autres puissances mondiales auront "beaucoup de mal à rester durablement en arrière", a-t-elle estimé.
Des "dizaines de milliers" de contestataires sont attendus à partir de la mi-journée dans le centre de Hanovre, selon les organisateurs.
"Véritable offense à la société civile", "menace pour la démocratie", "mise en danger des standards sociaux et écologiques", "profondément antiaméricain et antieuropéen", les ONG et syndicats n'ont pas de mots assez forts pour définir le danger qu'ils voient dans un tel accord de libéralisation.
Un nouveau cycle de négociations sur le TTIP doit justement débuter lundi à New York, le 13e depuis 2013, et le sujet sera un des thèmes majeurs discutés par Barack Obama et Angela Merkel dimanche.
Les milieux économiques allemands très tournés vers l'exportation poussent en ce sens. Et le Premier ministre britannique David Cameron a assuré vendredi que le TTIP "ferait gagner des milliards à nos économies".
Les opinions sceptiques
Mais le scepticisme enfle du côté de la société civile, avec en point de mire la crainte d'un nivellement par le bas des critères sanitaires et de sécurité: seuls 17% des Allemands et 15% des Américains pensent que l'accord TTIP est "une bonne chose", contre plus de 50% en 2014, selon un sondage de la fondation Bertelsmann.
Le président Barack Obama a fait du libre-échange le coeur de sa politique économique, mais le sujet a perdu la cote aux Etats-Unis, où il est associé par beaucoup aux pertes d'emplois liées à la mondialisation. Et les prétendants à sa succession actuellement en campagne sont la plupart très critiques.
Le secrétaire américain au Commerce Michael Froman a mis en garde dans le quotidien allemand Handelsblatt: si un accord ne peut être conclu cette année, "il y aura une très grande incertitude sur notre capacité à jamais y arriver".
S'il est bien peu probable qu'un accord complet soit trouvé d'ici à l'élection présidentielle américaine en novembre, Angela Merkel s'accroche à l'idée d'en dégager "les grandes lignes" tant que Barack Obama est en poste.
Mais au vu des difficultés du TTIP, Barack Obama pourrait plutôt se concentrer sur un autre objectif: la ratification en cours du Partenariat trans-Pacifique, un traité de libre-échange entre les zones Asie-Pacifique et Amérique.
Avec AFP