"Les slogans choquants appelant au viol repris par de jeunes hommes appartenant aux Imbonerakure dans plusieurs provinces du Burundi sont profondément inquiétants", car ils sont une preuve supplémentaire de "la campagne de terreur" menée par ces derniers, a estimé M. Zeid Ra'ad Al Hussein, dans un communiqué.
M. Zeid fait référence à une vidéo, diffusée sur les réseaux sociaux début avril, montrant des centaines de jeunes Imbonerakure dans une pose martiale, en rangs, qui chantent en kirundi - la langue nationale: "Engrossez les opposantes, (pour) qu'elles enfantent des Imbonerakure".
Cette vidéo tournée à Ntega, dans la province de Kirundo (nord) au début de l'année, avait fait scandale et contraint le CNDD-FDD, le parti au pouvoir dont les Imbonerakure forment la ligue de jeunesse, à s'en démarquer.
Ce chant "ne concorde ni avec les moeurs ni avec l'idéologie du parti CNDD-FDD", avait-il fait savoir, disant condamner "avec la dernière énergie cet écart de langage" et promettant des sanctions.
Your browser doesn’t support HTML5
Mais dans son communiqué, le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme cite plusieurs incidents similaires, plus récents. Ainsi, le 1er avril, dans la province de Kayanza (nord), près de 2.500 Imbonerakure ont défilé le long de la route centrale en incitant "au viol et à la violence" contre les opposants.
Des "slogans similaires seraient également scandés chaque fin de semaine" lors de réunions d'Imbonerakure dans la province de Makamba (sud), selon la même source.
Enfin, le 8 avril, dans la province de Ruyigi (est), environ 200 personnes, dont des Imbonerakure, auraient aussi appelé à "mettre enceintes les opposantes", selon le communiqué.
M. Zeid a appelé le gouvernement burundais à reconnaître "que la manifestation de Ntega n'était pas un incident isolé, mais la partie émergée de l'iceberg".
"De tels discours éhontés de haine manifeste et d'incitation à la violence ne doivent être ni tolérés, ni encouragés", a-t-il ajouté.
Les Imbonerakure sont sur la sellette depuis le début de la grave crise que traverse le Burundi, déclenchée par l'annonce en avril 2015 de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat controversé et sa réélection en juillet de la même année.
Ce groupe, qualifié de milice par l'ONU, malgré les dénégations de Bujumbura, est accusé par les ONG locales, internationales et l'ONU d'être responsable, aux côtés de la police, des services secrets et de l'armée, des graves violations des droits de l'homme commises depuis avril 2015, dont de nombreux cas de viols.
Ces violences ont fait 500 morts selon l'ONU, et 2.000 selon les ONG. Des centaines de cas de torture et de personnes disparues ont également été recensés, et quelque 400.000 personnes ont quitté le pays.