"Nous avons besoin d'une toute nouvelle approche", a estimé l'ancien Premier ministre portugais et ex-Haut commissaire de l'ONU aux réfugiés (HCR), s'exprimant pour la première fois devant le Conseil depuis son entrée en fonctions le 1er janvier.
Selon lui, trop de temps et de ressources sont consacrés au sein de l'ONU à gérer les crises plutôt qu'à les prévenir. "Les populations payent un prix trop élevé", a-t-il regretté.
Il a fait part de son intention de lancer une initiative afin de favoriser la médiation dans le cadre de son engagement à "doper la diplomatie pour la paix", sans toutefois fournir de détails.
Dans un message diffusé à l'occasion du Nouvel An et de son entrée en fonctions, M. Guterres avait dit vouloir faire de 2017 "une année pour la paix".
Celui qui a succédé au sud-coréen Ban Ki-moon avait déjà laissé filtrer les contours de sa stratégie pour réformer l'organisation et accentuer les efforts pour mettre fin aux conflits, du carnage en Syrie au bain de sang au Soudan du Sud.
Mais il va devoir oeuvrer avec un Conseil de sécurité profondément divisé, incapable de s'accorder pour mettre fin aux six années de guerre civile en Syrie.
"La plus grande défaillance de la communauté internationale aujourd'hui est son échec à empêcher les conflits et à maintenir la sécurité mondiale", a-t-il écrit dans une tribune publiée lundi dans le magazine américain Newsweek.
"Là où les guerres font rage, nous avons besoin de médiation, d'arbitrage et d'une diplomatie créative soutenue par tous les pays qui ont de l'influence", a-t-il ajouté, laissant présager une implication plus directe dans les grands dossiers que son prédécesseur Ban Ki-moon, lequel laissait une grande partie de ce travail à ses envoyés spéciaux.
- 'Opportunités perdues' -
"Beaucoup trop d'opportunités de prévention (des conflits, NDLR) ont été perdues parce que les Etats-membres doutaient des motivations des uns et des autres, et à cause d'inquiétudes concernant la souveraineté nationale", a poursuivi M. Guterres mardi lors d'un débat sur la prévention des conflits mené par la ministre suédoise des Affaires étrangères, dont le pays assume ce mois-ci la présidence du Conseil.
"Aujourd'hui, nous devons faire preuve de leadership et renforcer la crédibilité et l'autorité des Nations unies en mettant la paix au premier plan", a-t-il affirmé.
Ses plans pour redynamiser l'ONU pourraient se trouver compliqués par le futur président américain Donald Trump, dont les intentions en matière de politique étrangère sont encore très floues.
Les deux hommes ont eu la semaine dernière une conversation téléphonique qualifiée de "très positive" par un porte-parole de l'ONU, malgré les déclarations du président élu décrivant les Nations unies comme "un club de gens qui se rencontrent et passent du bon temps".
Donald Trump a également promis que "les choses changeront à l'ONU après le 20 janvier", date de sa prise de fonctions, en réaction au vote d'une résolution demandant l'arrêt de la colonisation israélienne dans les Territoires palestiniens.
Mais le discours de M. Guterres sur une nécessaire réforme des Nations unies peut aussi séduire le nouvel occupant de la Maison Blanche.
Parmi ses premières décisions, le nouveau secrétaire général a annoncé la création d'un comité pour prendre à bras-le-corps le problème des abus sexuels de Casques bleus. De quoi séduire les républicains, toujours très réticents au financement des opérations de maintien de la paix de l'ONU.
Antonio Guterres a prévu de participer jeudi à Genève à une Conférence sur Chypre à laquelle assisteront aussi des représentants des trois pays "garants" de la sécurité de l'île: la Grèce, la Turquie et le Royaume-Uni, ex-puissance coloniale.
Il a aussi le projet de rencontrer la semaine prochaine le président chinois Xi Jinping, attendu en Suisse pour le Forum économique mondial annuel de Davos. La Chine fait partie des contributeurs les plus généreux pour le maintien de la paix et son engagement auprès de l'ONU ne cesse de se renforcer.
Avec AFP