Cette information judiciaire pour "complicité d'actes de torture et de disparition forcée", confiée en novembre au pôle crimes contre l'humanité à Paris, fait suite à une plainte de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) et de la Ligue des droits de l'Homme (LDH).
Amesys est déjà au coeur d'une enquête similaire pour avoir fourni du matériel similaire à la Libye sous le régime de Mouammar Kadhafi.
"En ouvrant une information judiciaire, le parquet de Paris reconnaît la gravité des faits allégués, permettant aux associations de se constituer parties civiles et ouvrant la possibilité à des victimes égyptiennes de se constituer parties civiles et venir témoigner en France", ont relevé la FIDH et la LDH dans un communiqué commun.
Selon le Cairo Institute for Human Rights Studies (CIHRS), une ONG qui soutient leur démarche, cette vague répressive s'est notamment concrétisée par "plus de 40.000 prisonniers politiques en détention en Egypte" sous le régime Al-Sissi.
"C'est le premier dossier ouvert en France en compétence universelle qui concerne l'Egypte", s'est félicité auprès de l'AFP Me Clémence Bectarte, une de leurs avocats.
"On sait que l'arme de la surveillance, présentée comme un outil de lutte contre le terrorisme islamiste en Egypte, est en réalité destinée à surveiller les opposants et toutes les voix contestataires", a-t-elle ajouté.
La plainte des deux ONG s'appuyait sur une enquête du magazine français Télérama qui révélait en juillet la vente, en mars 2014, par d'ex-dirigeants d'Amesys, opérant derrière deux nouvelles entités, d'"un système d'écoute à 10 millions d'euros pour lutter - officiellement - contre les Frères musulmans, l'opposition islamiste en Egypte.
Appelé "Cerebro", ce programme permet de traquer en temps réel les communications électroniques d'une cible, à partir d'une adresse mail ou d'un numéro de téléphone par exemple. Il s'agit d'une version actualisée de celui vendu en 2007 par Amesys, à l'époque filiale de Bull, au régime libyen de Kadhafi.
Avec AFP