L'opposant historique Tshisekedi attendu à Kinshasa dans un climat tendu en RDC

Les partisans d'Etienne Tshisekedi à l'aéroport, pour son arrivée, le 27 juillet 2016. (Top Congo)

Après deux années passées en Belgique, l'opposant congolais historique Étienne Tshisekedi était attendu mercredi à Kinshasa par plusieurs milliers de partisans massés près de l'aéroport, tandis que son parti dénonçait le "retardement volontaire" de son vol privé.

Le retour de cet opposant âgé de 83 ans, très populaire à Kinshasa et dans plusieurs autres villes du pays, a été maintes fois annoncé, mais jusqu'à présent toujours reporté.

Il doit intervenir dans un climat politique très tendu en République démocratique du Congo (RDC), l'opposition soupçonnant le président Joseph Kabila de vouloir se maintenir au pouvoir au delà du 20 décembre, date de la fin de son mandat.

M. Kabila est au pouvoir depuis 2001, et la Constitution lui interdit de briguer un nouveau mandat.

Mais un arrêt récent de la Cour constitutionnelle l'a autorisé à rester en fonction si l'élection présidentielle censée avoir lieu cette année n'était pas organisée.

M. Tshisekedi avait été évacué de Kinshasa par avion médicalisé le 16 août 2014. Il a passé deux ans en convalescence en Belgique, l'ancienne puissance coloniale.

A la mi-journée mercredi, des colonnes de ses partisans, arborant les couleurs de son parti, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), convergeaient vers l'aéroport international de Ndjili, où plusieurs milliers d'autres étaient déjà massés face aux installations aéroportuaires, sous la surveillance de nombreux policiers.

L'un des porte-parole de l'UDPS, Augustin Kabuya, a dénoncé auprès de l'AFP "l'ordre donné par le commandant de l'aéroport" à l'équipage "pour que l'avion du président Tshisekedi arrive à 17h00 (16h00 GMT) au lieu de 13h00 (12h00 GMT) afin d'empêcher un accueil délirant" de ses partisans.

Refusant de commenter ces accusations, Georges Tabora, le commandant de l'aéroport de Ndjili, a indiqué à l'AFP que "l'heure d'atterrissage qui m'a été communiquée est 14h00 (13h00 GMT). Il a ajouté n'avoir "aucune emprise sur l'heure de l'aéroport de décollage".

"Il peut s'agir d'un problème technique et dans l'aviation, il faut suivre les recommandations des spécialistes", a déclaré pour sa part Lambert Mende, porte-parole du gouvernement, niant "toute implication" du gouvernement du président Kabila.

Pas de front d'opposition uni

Ce retour de l'opposant doit intervenir alors qu'un grand meeting politique de la majorité est prévu vendredi à Kinshasa. Un meeting de l'opposition, qui serait présidé par Étienne Tshisekedi, est aussi prévu, dimanche à Kinshasa. A ce jour, M. Tshisekedi ne s'est pas déclaré candidat au prochain scrutin présidentiel.

Jusqu'ici, l'opposition congolaise n'a jamais réussi à former un front uni contre le régime de M. Kabila.

Fin novembre, le président Kabila avait annoncé son intention de convoquer un "dialogue national inclusif" en vue d'"élections apaisées" en RDC.

Le retour de M. Tshisekedi doit en outre avoir lieu à quelques jours du lancement des travaux préparatoires au "dialogue national" en RDC, selon le calendrier publié par le facilitateur de l'Union africaine, l'ex-Premier ministre togolais, Edem Kodjo.

Mais, dans un communiqué publié dimanche à Bruxelles et signé par M. Tshisekedi, le "Rassemblement" d'opposition congolaise présidé par l'opposant avait récusé M. Kodjo, estimant trop rapide le début des travaux.

Jusqu'ici, l'opposition congolaise n'a jamais réussi à former un front uni contre le régime de M. Kabila.

Opposant sous la dictature de Mobutu Sese Seko (1965-1997), et sous le régime de son successeur Laurent-Désiré Kabila, le père de l'actuel chef de l'État congolais, M. Tshisekedi était arrivé deuxième de la présidentielle de 2011, dont il avait rejeté les résultats.

Son parti est miné par des divisions, mais reste une importante force de l'opposition disposée à discuter avec le pouvoir en vue de sortir de la crise.

Les partisans de M. Tshisekedi ont toutefois conditionné leur participation au "dialogue national" par la libération de davantage des prisonniers politiques et d'opinion.

Avec AFP