Le mouvement "On a trop supporté" exige désormais que le gouvernement camerounais s’engage à résoudre ses revendications dans un délai de trois mois avant qu’ils ne suspendent le mot d’ordre de grève.
"La grève ne prendra fin que lorsqu'on verra les résolutions efficaces avec un échéancier clair", confie sous anonymat un professeur des écoles normales d’instituteurs, membre du mouvement "On a trop supporté".
L’enseignant fait référence au "déblocage des fonds pour le paiement des arriérés de salaire, pour le paiement des avancements, pour le paiement des rappels".
Cette situation est vécue comme un malaise par le corps enseignant qui dénonce une politique de deux poids deux mesures du gouvernement.
"Si vous suivez l’actualité il y a eu une dotation de 80 véhicules flambants neufs aux sous-préfets. Pourquoi c’est l’enseignant qui doit toujours attendre?", lâche un membre du mouvement.
Pour certains le calvaire dure depuis plus de dix ans, voire 15 ans. Sans salaire. "Nous interpellons le chef de d’Etat à prendre toutes les dispositions afin que le statut particulier des enseignants sur sa table depuis une vingtaine d’années soit appliqué sans condition", soutient notre interlocuteur.
Ce durcissement de la grève prend à contrepied le gouvernement qui appelle les enseignants à poursuivre normalement leurs activités pédagogiques.
Au terme d’une réunion le 1er mars entre certains syndicats et les représentants du gouvernement, les pouvoirs publics se sont engagés à résoudre les problèmes posés.
Mais sur le terrain, comme au lycée bilingue de New-Bell à Douala, un professeur de philosophie rencontré par VOA Afrique campe encore sur les revendications du mouvement: "Nous venons dans les établissements scolaires, mais nous ne travaillons pas, c’est l’opération craie morte".
Après trois semaines sans enseignements, les élèves ne cachent plus leur inquiétude à l'approche des examens.
"Quand on va arriver pour composer, ça va nous pénaliser parce qu’on n’aura pas tout vu à l’école", s’alarme un élève de la classe de seconde du lycée bilingue de New Bell.
"La majorité de nos enseignants ne sont pas venus, on a seulement eu un seul cours ce matin, c’est difficile parce que nous composons la semaine prochaine", renchérit autre élève de la classe de 5e.
Certains leaders politiques, comme le député du SDF, Brice Nitcheu, ont apporté leur soutien aux enseignants grévistes au même titre que quelques parents d’élèves.
"Il faut que les pouvoirs publics prennent en compte les enseignants parce qu’ils éduquent tout le monde, même le président de la République. Depuis, mes enfants sont à la maison, j’ai pourtant payé leur scolarité, quand ils partent à l’école ils ne font absolument rien", soutient Jean Pierre Tchakounté, un parent d’élève.
D’après un communiqué des services du Premier ministre, l’Etat souligne qu’il va payer les arriérés dus aux enseignants mobilisés dans le cadre de la correction des examens officiels de ces deux dernières années, de même que régulariser leurs avancements, leurs primes de non logement et d’allocation familiale.
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