Cinq condamnations à mort après l'immolation d'un couple chrétien au Pakistan

Des femmes chrétiennes pakistanaises font le deuil des membres de leur famille lors des cérémonies funéraires à l'église locale à Lahore, Pakistan, le 28 mars 2016.

Un tribunal antiterroriste pakistanais a condamné à mort cinq personnes pour le meurtre d'un couple de chrétiens lynché et brûlé dans la briqueterie où il travaillait après avoir été accusé à tort de blasphème.

La mort de Shahzad Masih et Shama Bibi avait choqué le Pakistan et poussé nombre de familles chrétiennes voisines à fuir le village par peur.

Le couple avait été accusé d'avoir profané le Coran après avoir jeté aux ordures des papiers ressemblant, selon un voisin aussi illettré que lui, à une page du livre sacré musulman.

Il ne s'agissait en fait que d'inscriptions utilisées par le père de Shahzad dans son activité de guérisseur, jusqu'à son décès peu avant l'incident.

Le blasphème, un sujet très sensible, est passible de la peine de mort au Pakistan, république islamique de 200 millions d'habitants. De simples allégations ont régulièrement pour conséquence des lynchages par la foule ou des extrémistes.

Les critiques soulignent que les lois punissant le blasphème sont fréquemment détournées pour régler des différends personnels par le biais d'accusations mensongères, visant souvent des pauvres et des membres de minorités.

Shama Bibi et Shahzad Masih avaient été battus par des centaines de personnes puis brûlés le 4 novembre 2014 dans l'immense four de la briqueterie où ils travaillaient depuis 20 ans.

Selon l'avocat représentant leur famille, Riaz Anjum, 103 personnes ont été poursuivies, mais 90 ont été relaxées, dont le propriétaire de la briqueterie.

Il avait été accusé d'avoir fait enfermer le couple qui tentait de s'enfuir face au danger, craignant qu'il ne lui rembourse pas les menues dettes qu'il avait contractées auprès de lui.

Outre les cinq peines de mort, huit autres accusés ont été condamnés à des peines de deux ans de prison.

"Les cinq condamnés à la peine capitale font partie de ceux qui ont capturé, frappé et brûlé le couple, tandis que les autres ont eu un rôle de soutien, ressort-il du jugement," a expliqué M. Anjum.

Les autorités se sont souvent montrées peu enclines à agir contre les foules commettant des violences au nom du blasphème, de peur de froisser les islamistes.

Avec AFP